Les autorités iraniennes ont arrêté au moins 7 000 personnes suite au mouvement de contestation qui a débuté en novembre, a alerté vendredi le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme. L'organisation, qui a aussi fait état d'au moins 208 morts, a réclamé la libération des personnes arbitrairement détenues.
Michelle Bachelet, haute commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a condamné vendredi 6 décembre "les graves violences" commises par les forces de l'ordre iraniennes lors des manifestations antigouvernementales qui ont commencé le 15 novembre. Selon les informations du Haut-Commissariat, la répression du mouvement a fait au moins 208 morts, dont 13 femmes et 12 enfants.
"Au moins 7 000 personnes auraient été arrêtées dans 28 des 31 provinces iraniennes depuis le début des manifestations qui ont éclaté le 15 novembre", a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.
La Haut-Commissaire, Michelle Bachelet, "est extrêmement préoccupée par leurs conditions de détention, le traitement physique qui leur est infligé et par les violations de leur droit à une procédure régulière ainsi que par la possibilité qu'un nombre important d'entre eux soient accusés d'infractions passibles de la peine de mort", a-t-il ajouté.
"J'exhorte les autorités à libérer immédiatement tous les manifestants qui ont été arbitrairement privés de leur liberté", a souligné pour sa part Michelle Bachelet dans un communiqué.
Un possible nombre de tués "deux fois plus élévé"
"Il existe également des informations, que nous n'avons pas encore pu vérifier, suggérant que le nombre de tués serait deux fois plus élevé", a relevé Rupert Colville. La veille, l'émissaire américain pour l'Iran avait avancé le chiffre d'un millier de morts, mais ce bilan n'était "pas certain, car le régime bloque l'information".
La contestation a éclaté le 15 novembre dès l'annonce d'une forte hausse du prix de l'essence, en pleine crise économique aggravée par les sanctions américaines, et a touché une centaine de villes. Les autorités, qui avaient bloqué Internet durant les manifestations, ont dit avoir rapidement ramené l'ordre.
Amnesty International a aussi estimé qu'au moins 208 personnes avaient été tuées par les forces de l'ordre iraniennes, tout en affirmant que "le bilan réel" de cette "horrible tuerie" était "vraisemblablement supérieur".
Téhéran, qui qualifie de "mensonges absolus" ces chiffres fournis par des "groupes hostiles", a toutefois reconnu pour la première fois cette semaine que des manifestants avaient été tués par les forces de l'ordre. Un chiffre que se résume à cinq décès, selon les autorités iraniennes : quatre membres des forces de l'ordre tués par des "émeutiers" et un civil.
Tirs "dans les dos de manifestants non armés qui s'enfuyaient"
"Des séquences vidéo authentifiées montrent que des violences graves ont été commises à l'encontre de manifestants, notamment par des membres des services de sécurité qui ont ouvert le feu du toit d'un bâtiment du ministère de la Justice dans une ville et depuis des hélicoptères dans une autre", déplore Michelle Bachelet dans un communiqué.
"Nous avons également reçu des images montrant que les forces de l'ordre ont tiré dans le dos de manifestants non armés qui s'enfuyaient et qu'elles avaient délibérément visé la tête et les organes vitaux, dans d'autres cas", poursuit-elle, jugeant la situation "extrêmement inquiétante".
Le mouvement, qui a débuté le 15 novembre après une augmentation du prix des carburants, a rapidement pris une tournure politique et s'est étendu à une centaine de localités.
Avec AFP et Reuters