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De nouveaux documents sur la détention des Ouïghours mettent à mal Pékin

Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a permis la publication dans 17 organes de presse du monde entier, dimanche, de documents détaillant les conditions de détention d'un million de musulmans, principalement d'ethnie ouïghoure, dans des camps de rééducation politique au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.

Portes fermées à double tour et vidéosurveillance "complète", jusque dans les dortoirs. Une nouvelle fuite de documents officiels chinois jette une lumière crue sur les "centres de formation professionnelle" au Xinjiang dans le Nord-Ouest, où seraient détenus plus d'un million de musulmans.

Ces documents, obtenus par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et publiés dimanche 24 novembre, par 17 organes de presse à travers le monde, détaillent les règlements draconiens régissant les sites de détention installés au Xinjiang, vaste région du nord-ouest de la Chine à majorité musulmane.

Un document spécifie par exemple que les internés doivent être constamment sous surveillance, y compris lorsqu'ils se rendent aux toilettes, afin de prévenir tout risque d'évasion.

NEW: #ChinaCables is a leak of highly classified Chinese documents that expose the inner workings of mass detention camps in Xinjiang and reveal, in the government's own words, how it manages the day-to-day internment and forced indoctrination of Uighurs. https://t.co/Veoj40IKqB pic.twitter.com/7RL8mEzKur

— ICIJ (@ICIJorg) November 24, 2019

Pékin a qualifié lundi "d'inventions" ces informations, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, accusant "certains médias" de recourir à "des méthodes ignobles pour monter en épingle la situation au Xinjiang".

Plus d’un million de musulmans détenus

D'après des organisations de défense des droits de l'Homme, plus d'un million de musulmans, principalement d'ethnie ouïghoure, sont détenus au Xinjiang dans des camps de rééducation politique.

Pékin récuse ce chiffre et évoque des "centres de formation professionnelle" destinés à lutter contre la radicalisation islamiste, en réaction à une série d'attentats sanglants attribués ces dernières années à des militants ouïghours.

De nouveaux documents sur la détention des Ouïghours mettent à mal Pékin

Ces informations sont publiées une semaine après l'annonce du quotidien américain New York Times, qui avait réussi à se procurer plus de 400 pages de documents internes au pouvoir chinois, dont des discours secrets du président Xi Jinping appelant dès 2014 à lutter "sans aucune pitié" contre le terrorisme et le séparatisme au Xinjiang.

Les dernières révélations concernent une série de directives de gestion des centres, approuvées en 2017 par le chef des forces de sécurité au Xinjiang, ainsi que des rapports des services de renseignement montrant comment la police utilise l'intelligence artificielle et la collecte de données pour cibler les personnes à interner.

Suivi de la "transformation idéologique" des "étudiants"

Elles décrivent avec précision comment les gardiens doivent gérer la vie quotidienne des détenus, de l'interdiction d'entrer en contact avec le monde extérieur à la marche à suivre en cas de maladie, selon une traduction en anglais des documents publiée par l'ICIJ.

"Les portes des dortoirs, des couloirs et des étages doivent être fermées à double tour immédiatement après avoir été ouvertes et refermées", détaillent les auteurs. "Une vidéosurveillance complète doit être établie dans les dortoirs et les salles de classe, sans angle mort, de façon à ce que les gardiens puissent exercer leur surveillance en temps réel, enregistrer les choses dans le détail et rapporter immédiatement tout événement suspect".

Avec AFP