
Les principaux gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement climatique ont franchi de nouveaux records de concentration dans le monde en 2018, s'est alarmée l'ONU. Et "aucun signe de ralentissement" n'est visible, s'inquiète l'organisation.
C'est un cri d'alarme à quelques jours du lancement de la COP25. À l'occasion de la publication du bulletin annuel sur les concentrations de gaz à effet de serre (GES), lundi 25 novembre, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas, a souligné qu'il n'y avait "aucun signe de ralentissement, et encore moins de diminution, de la concentration des (GES) dans l'atmosphère malgré tous les engagements pris au titre de l'Accord de Paris sur le climat".
Ce rapport de l'OMM – une institution de l'ONU – rend compte non pas des quantités de gaz à effet de serre qui sont libérées dans l'atmosphère mais de celles qui y restent, sachant que les océans absorbent environ le quart des émissions totales, tout comme la biosphère, dont font partie les forêts.
D'après les scientifiques, le dioxyde de carbone (CO2), qui est associé aux activités humaines et constitue le principal gaz à effet de serre persistant dans l'atmosphère, a battu un nouveau record de concentration en 2018, à 407,8 parties par million (ppm), soit 147 % de plus que le niveau préindustriel de 1750.
"Il convient de rappeler que la dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c'était il y a 3 à 5 millions d'années : la température était de 2 à 3°C plus élevée qu'aujourd'hui, et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel", a souligné Petteri Taalas.
Pics de concentration de méthane et de protoxyde d'azote
L'inquiétude de l'OMM est d'autant plus forte que l'augmentation annuelle de la concentration de CO2, qui persiste pendant des siècles dans l'atmosphère et encore plus longtemps dans les océans, a été supérieure au taux d'accroissement moyen des 10 dernières années.
D'après les observations des chercheurs, les concentrations de méthane (CH4) – au deuxième rang des plus importants gaz à effet de serre persistants – et de protoxyde d'azote (N2O) ont également augmenté plus fortement que la moyenne annuelle de la dernière décennie.
Le méthane, dont 60 % des émissions sont d'origine humaine (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges...), et le protoxyde d'azote, dont 40 % des émissions sont d'origine humaine (engrais, processus industriels...), ont aussi atteint des pics de concentration.
Le protoxyde d'azote joue par ailleurs un rôle important dans la destruction de la couche d'ozone stratosphérique, qui nous protège des rayons ultraviolets nocifs émis par le soleil.
Petteri Taalas a appelé lundi les pays à traduire leurs "engagements en actes et revoir à la hausse (leurs) ambitions dans l'intérêt de l'humanité".
Face à l'urgence climatique, les pays se sont engagés à Paris en 2015 à appliquer des plans de réduction d'émissions de GES, mais les émissions mondiales ne cessent d'augmenter. Les États-Unis – le plus important émetteur de GES avec la Chine, l'Inde et l'Union européenne – ont officialisé début novembre leur sortie de cet accord.
Avec AFP