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À deux semaines du sommet de l'Otan à Londres, Paris et Berlin ont fait mercredi des propositions pour apaiser le climat de tensions qui a suivi les critiques du président Emmanuel Macron contre l'Alliance, jugée en état de "mort cérébrale".

Alors que le sommet de l'Otan doit se tenir dans deux semaines à Londres, la France et l'Allemagne ont fait des propositions, mercredi 20 novembre, au cours d'une réunion avec leurs alliés à Bruxelles, pour calmer les tensions provoquées par les critiques du président Emmanuel Macron.

Ce dernier avait jugé, dans une interview à The Economist publiée début novembre, l’Alliance en état de "mort cérébrale", après avoir dénoncé l'absence de coordination entre les États-Unis et leurs alliés et le cavalier seul de la Turquie dans le nord-est de la Syrie.

Le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Heiko Maas, a proposé la constitution d'un comité d'experts présidé par le secrétaire général Jens Stoltenberg pour renforcer le processus politique au sein de l'Alliance, une organisation militaire.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a formulé une proposition similaire. "Un petit groupe de personnalités éminentes" serait notamment chargé de réfléchir sur "la relation de l'Otan avec la Russie" et sur "les futurs grands enjeux de sécurité collective, comme la menace terroriste, la Chine et l'impact militaire des grandes ruptures technologiques", a-t-il précisé dans son intervention au début de la première session de travail à Bruxelles.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est refusé à tout commentaire sur la proposition française au cours de son point de presse à l'issue de cette première session. Il a en revanche déclaré que la proposition présentée par Heiko Maas avait "beaucoup de mérite et d'intérêt" et qu'elle avait reçu "le soutien de nombreux alliés". Les ministres devaient traiter des questions stratégiques au cours d'un dîner de travail.

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"Afficher l'unité lors du sommet de Londres"

Jens Stoltenberg se rendra à Paris à la fin de la semaine prochaine pour rencontrer le président Macron. "Je me rends à Paris la semaine prochaine pour discuter avec le président Macron afin de mieux comprendre son message et les raisons qui sont derrière" ses critiques, avait-il déclaré mardi au cours d'une conférence de presse à Bruxelles.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo n'a pour sa part pas souhaité se prononcer sur les deux propositions. "Je ne pense pas que ce soit le bon moment ni le bon format", a-t-il déclaré au cours de sa conférence de presse.
Le diagnostic brutal du chef de l'État français et la critique du leadership américain ont choqué à l'Otan. "Le mal est fait. Maintenant il faut limiter les dégâts afin d'afficher l'unité lors du sommet de Londres", a commenté un diplomate de haut rang.

"L'Otan est déstabilisée par trois problèmes : le comportement du président américain Donald Trump, le comportement de la Turquie et le comportement de Macron", a-t-il souligné.

La crispation des alliés contre la France n'est pas une surprise. "On ne cherche pas à gagner un concours de popularité, mais on veut être écoutés et entendus", explique-t-on à Paris.

Avec AFP