Alors que Boris Johnson et Jeremy Corbyn se sont écharpés sur le Brexit, mardi soir, à l’occasion du premier débat télévisé de la campagne des élections générales britanniques, l’état du "National Health Service" (NHS) est devenu un enjeu majeur du scrutin du 12 décembre.
"Get Brexit Done" ("Réaliser le Brexit")—: c’est le slogan choisi par le Premier—ministre du Royaume-Uni et leader du Parti—conservateur, Boris Johnson, en vue des élections générales du 12—décembre. L’ancien maire de Londres espère obtenir une majorité à la Chambre des communes dans l’espoir de pouvoir enfin mettre en œuvre le Brexit et axe donc sa campagne sur ce thème. Mais l’état du système de santé (National Health Service ou NHS) émerge de plus en plus comme un enjeu prioritaire pour les électeurs britanniques.
C’est le président de la British—Medical—Association (BMA), Chaand Nagpaul, qui a mis ce thème à l’agenda des candidats, le 2—novembre dernier, en affirmant que le NHS "se dirige vers une crise sans précédent cet hiver", la saison la plus compliquée à gérer pour les hôpitaux britanniques. "On ne devrait pas avoir besoin d’une élection pour réaliser à quel point la situation est devenue mauvaise", a-t-il dénoncé dans un cri d’alarme qui semblait destiné au Parti—conservateur, au pouvoir depuis 2010.
Bien que la population vieillisse et que le coût des traitements médicaux de pointe ne cesse d’augmenter, les dépenses de l’État en faveur du NHS n’ont progressé en moyenne que de 1,5—% par an lors de la dernière décennie. Un chiffre très en deçà des 3,7—% de croissance moyenne annuelle des dépenses qu’avait connu avant cela le National Health Service depuis sa création en 1948. "Le NHS a été significativement sous-financé ces dix dernières années", affirme Jonathan Holmes, un consultant en affaires publiques du King’s—Institute, un think—tank britannique dans le domaine de la santé.
Pour montrer que le Parti—conservateur prend cette question au sérieux, le site Internet The—Conservative—Home – la Bible des plus ardents militants conservateurs – a mis en ligne le 9—novembre un article intitulé "Est-ce que la campagne des conservateurs va plonger la tête la première dans une crise hivernale du NHS—?"
Promesses d’augmentation de budget
Les statistiques laissent en effet présager une nouvelle crise cet hiver. Les données du NHS du mois d’octobre, publiées le 14—novembre, ont montré qu’il n’y avait jamais eu en Angleterre autant de temps d’attente aux urgences.
"Plus de 80—000 patients très malades ont dû attendre plus de quatre—heures pour obtenir un lit d’hôpital le mois dernier, alors même que les températures ne sont pas encore très basses en Angleterre, et qu’il n’y a pas trop eu d’épidémies de grippe ou de gastroentérites", a averti Patricia Marquis, la directrice du Royal—College of Nursing (école d’infirmiers/infirmières) en Angleterre, lors d'une conférence de presse le 14—novembre. "De nombreux infirmiers et infirmières à qui je parle disent être très inquiets de ne pas pouvoir délivrer les soins adéquats lorsque l’hiver sera là", a-t-elle ajouté.
Peu après le cri d'alarme de la BMA début novembre, l’hebdomadaire The—Observer a dévoilé que Boris Johnson se préparait à affronter la crise hivernale du NHS en mettant sur pied, au cœur du 10—Downing—Street, une équipe dédiée à la supervision du NHS – une première pour un chef de gouvernement britannique.
Article original publié sur le site anglophone de France 24 et traduit de l'anglais par Romain Brunet