
Pour la première fois depuis le début de la contestation sociale au Chili, le président Piñera a condamné, dimanche, les violences perpétrées par les forces de l'ordre contre les manifestants. Il a promis qu'il n'y aurait aucune impunité.
Il aura fallu 22 morts, des dizaines d'éborgnés et plus de 2 000 blessés pour que le président chilien fasse son mea culpa. Dimanche 17 octobre, pour la première fois depuis le début de la contestation, Sebastian Piñera a condamné les violences perpétrées par les forces de l'ordre contre les manifestants.
"Il y a eu un recours excessif à la force, des abus ou des délits ont été commis et les droits de tous n'ont pas été respectés", a reconnu le chef de l'État dans une allocution télévisée depuis le palais présidentiel de La Moneda. Il a assuré qu'il n'y aurait "pas d'impunité", "ni pour ceux qui ont commis des actes d'une violence exceptionnelle", en référence aux destructions et pillages perpétrés par les manifestants les plus radicaux, "ni pour ceux qui ont commis (...) des abus", les policiers et militaires.
"Nous ferons notre possible pour aider les victimes", a ajouté Sebastian Piñera, qui a également adressé ses condoléances aux familles des personnes décédées.
Violations des droits de l'Homme
Actes de torture, violences sexuelles, tabassages, humiliations, blessures : les accusations et plaintes pour violations des droits de l'Homme par des policiers se sont multipliées depuis le début de la contestation, poussant l'ONU à envoyer une mission d'enquête dans le pays.
Selon l'Institut national des droits humains (INDH), un organisme public indépendant, près de 200 personnes ont notamment été touchées aux yeux par des tirs de chevrotine en caoutchouc utilisés par la police pour disperser les manifestants.
Vendredi, lors d'une nouvelle manifestation à Santiago, sur l'emblématique Plaza Italia, les forces de l'ordre ont été accusées par plusieurs organismes de défense des droits humains d'avoir ralenti le transfert à l'hôpital d'un jeune homme victime d'une crise cardiaque et finalement décédé, en lançant des gaz lacrymogènes sur le personnel médical.
"Le Chili a changé"
Le président conservateur a également salué l'accord conclu, vendredi, au Parlement, par les partis politiques sur l'organisation d'un référendum en avril 2020 pour remplacer la Constitution actuelle, héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) et accusée de maintenir de fortes inégalités dans la société.
"Si les citoyens le décident, nous avancerons vers une nouvelle Constitution, la première élaborée en démocratie", s'est félicité Sebastian Piñera, dont la coalition de droite s'était jusque-là montrée opposée à un tel changement.
Le référendum comportera deux questions : l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger, un "Congrès mixte" composé de citoyens et de parlementaires, ou une Assemblée constituante de citoyens, comme le réclament de nombreux manifestants.
"Au cours des quatre dernières semaines, le Chili a changé. Les Chiliens ont changé, le gouvernement a changé, nous avons tous changé", a reconnu le chef de l'État, tout en admettant que le "dénouement de ces quatre semaines n'est pas encore écrit".
Avec AFP