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Américains et Européens ont étalé jeudi à Washington leurs divisions sur les jihadistes étrangers détenus en Syrie. Les États-Unis ont par ailleurs tenté de rassurer leurs alliés ébranlés par les volte-face successives de Donald Trump.
Washington est formel : "Les membres de la coalition doivent rapatrier les milliers de combattants terroristes étrangers actuellement en détention, et les juger pour les atrocités qu'ils ont commises", a martelé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo à l'ouverture, jeudi 14 novembre, d'une rencontre à Washington avec ses homologues de la coalition internationale contre l'organisation État islamique (OEI).
Le gouvernement américain demande de longue date à tous les pays de reprendre les milliers de jihadistes qui se trouvent dans les prisons kurdes du nord-est syrien. Mais la récente offensive de la Turquie dans la région contre les forces kurdes, qui a fait craindre que les prisonniers ne parviennent à s'évader, a remis leur sort au cœur des préoccupations.
"Nous pensons qu'il devrait y avoir un sentiment d'urgence à les rapatrier maintenant, tant qu'il est encore temps", a prévenu le coordinateur de l'action antiterroriste des États-Unis, Nathan Sales. Mais les participants se sont quittés sur un constat de désaccord.
Refus de nombreux pays
La demande américaine se heurte au refus de nombreux pays, dont la France, de reprendre leurs ressortissants qui ont combattu dans les rangs jihadistes, pour ne pas heurter une opinion publique échaudée par les attentats des dernières années en Europe.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a d'ailleurs réaffirmé à Washington que les jihadistes français devaient "être jugés au plus près des crimes qu'ils ont commis". Il a insisté pour que les acteurs sur le terrain garantissent "à tout prix" leur "détention sûre et durable" afin "d'éviter qu'ils repartent dans le combat". La France tente notamment de négocier avec Bagdad pour que la justice irakienne puisse s'en charger.
"Irresponsable"
"Il serait irresponsable de la part d'un pays d'attendre de l'Irak qu'il résolve ce problème à sa place", a répondu Nathan Sales. "Demander à des pays de la région d'importer les combattants étrangers d'un autre pays, et de les juger et écrouer là-bas, ce n'est pas une option viable", a insisté le responsable américain, balayant aussi les hypothèses de tribunaux internationaux.
C'est Paris qui avait réclamé une réunion d'urgence de la coalition après l'offensive de la Turquie. En annonçant le retrait des forces américaines, le président des États-Unis avait laissé le champ libre à cette opération turque, qui visait pourtant les forces kurdes, alliées des Américains dans la lutte contre les jihadistes. Une nouvelle crise syrienne qui "menace" les succès de la coalition, selon le communiqué final de la réunion. Car le constat est unanime : l'OEI reste une menace.
Après avoir annoncé un retrait total de Syrie, Donald Trump a changé de cap plusieurs fois, finissant par annoncer qu'une "force résiduelle" resterait en Syrie pour "protéger" des champs de pétrole. Ses alliés attendaient donc une clarification sur la stratégie américaine pour décider de l'avenir de leur propre participation sur le terrain syrien.
Alliés ulcérés
Mike Pompeo a promis que les États-Unis continueraient de "diriger la coalition, et le monde" dans la lutte anti-OEI. Le ministre américain de la Défense, Mark Esper, avait auparavant précisé que le Pentagone maintiendrait quelque 600 militaires en Syrie. Et tous les responsables américains assurent que la mission première de ces soldats reste la guerre contre les jihadistes - alors que la référence à la protection des champs de pétrole a ulcéré plusieurs alliés.
"Nous avons redéployé certaines de nos troupes dans le nord-est de la Syrie, et plus largement dans la région, pour faire en sorte que l'EI ne renaisse jamais de ses cendres, et l'empêcher de reprendre les champs pétroliers", a expliqué Mike Pompeo, tentant de concilier ces deux missions.
Avec AFP