
Donald Trump a attaqué l'ex-ambassadrice à Kiev sur Twitter, tandis que celle-ci témoignait, vendredi, au Congrès, dans le cadre de l'enquête en vue de l'ouverture éventuelle d'une procédure de destitution du président des États-Unis.
Passe d’armes en direct, mais à distance, entre Donald Trump et Marie Yovanovitch. Sur Twitter, le président américain a violemment attaqué l’ex-ambassadrice américaine à Kiev, vendredi 15 novembre, tandis que celle-ci était entendue au Congrès dans l’enquête pour "impeachment" qui le menace.
"Partout où Marie Yovanovitch est passée, les choses ont mal tourné", a écrit Donald Trump, une heure après le début de l’audition télévisée de la diplomate qu’il a rappelée en urgence à Washington, en mai dernier.
"Elle a débuté en Somalie, et regardez comment ça s'est terminé", a-t-il ajouté, faisant référence à ce pays de la Corne de l'Afrique plongé dans le chaos depuis 1991, avant de défendre son "droit absolu" de choisir ses ambassadeurs.
Everywhere Marie Yovanovitch went turned bad. She started off in Somalia, how did that go? Then fast forward to Ukraine, where the new Ukrainian President spoke unfavorably about her in my second phone call with him. It is a U.S. President’s absolute right to appoint ambassadors.
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 15, 2019Immédiatement appelée par l’élu démocrate Adam Schiff, qui a interrompu son interrogatoire pour lui lire les tweets du président, à réagir à ces propos, Marie Yovanovitch a répondu, "je ne crois pas avoir de tels pouvoirs, ni à Mogadiscio en Somalie, ni ailleurs".
Après un moment de recul, elle a ajouté en pesant ses mots : "c'est très intimidant".
"Certains d'entre nous ici prenons très au sérieux l'intimidation de témoins", a conclu Adam Schiff, laissant entendre que ce chef pourrait aller étayer un éventuel dossier de mise en accusation, "impeachment", contre Donald Trump à la Chambre des représentants.
Selon Kenneth Starr, l’ancien procureur spécial en charge de l'enquête pour "impeachment" contre Bill Clinton en 1998, Donald Trump a fait preuve d'un "mauvais jugement extraordinaire" en lançant cette salve en pleine audition.

Aide militaire bloquée
Après avoir mené une douzaine d'auditions à huis clos, les élus de la chambre basse ont entamé, mercredi, des auditions publiques dans le cadre de l'enquête pour "impeachment" qui vise Donald Trump.
Deux hauts diplomates ont alors raconté les pressions exercées sur Kiev pour le convaincre d'enquêter sur Joe Biden, principal adversaire de l’actuel président américain pour l’élection présidentielle de 2020, lors de cette audience suivie par près de 14 millions d'Américains, selon le cabinet Nielsen.
William Taylor, qui avait remplacé Marie Yovanovitch, a notamment déclaré avoir appris, par l'entremise d'un autre ambassadeur, que Donald Trump avait posé l'ouverture de cette enquête comme condition au déblocage d'une aide militaire destinée à l'Ukraine.
"Une vague menace"
Marie Yovanovitch, 61 ans, avait quitté la capitale ukrainienne quand cette aide (d'environ 400 millions de dollars), cruciale pour ce pays en guerre, avait été gelée. Elle ne peut donc pas en dire beaucoup plus sur le sujet.
Celle-ci est, en revanche, revenue sur la campagne de dénigrement menée contre elle par l'avocat personnel du président Rudy Giuliani dans les mois précédant son rappel.
"Je n'ai pas compris pourquoi il m'attaquait", a-t-elle déclaré, en confiant s'être "inquiétée" de voir le président et son fils relayer ses attaques.
La diplomate, qui jure n’avoir "aucun parti-pris politique" a également assuré que son rappel avait "porté un coup au moral" des diplomates américains à Kiev, et dans l’ensemble du réseau américain.
Les démocrates sont convaincus que le départ de l'ambassadrice, réputée pour ses efforts en matière de lutte contre la corruption, a laissé le champ libre à des proches du président pour exercer leurs pressions sur Kiev.
Elle est également revenue sur sa réaction quand elle avait découvert que Donald Trump l'avait critiquée dans son appel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Il va lui arriver des choses", avait-il déclaré. Des propos qui, selon elles, ressemblaient "à une vague menace".
Avec AFP