logo

Joachim Bitterlich : "Il faut montrer aux gens ce que nous avons réussi en 30 ans"

Cette semaine, Joachim Bitterlich, ancien conseiller du chancelier allemand Helmut Kohl (1987-1998), revient sur la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et sur tous les bouleversements qui ont suivi cet événement qui a changé le visage de l'Europe.

L'ancien diplomate s'exprime notamment sur la réunification : "Il faut montrer aux populations ce que nous avons réussi en 30 ans. Quelque chose dont on ne rêvait plus. On ne pensait pas pouvoir atteindre la réunification allemande ou la libération des pays de l’Est dans notre génération. On avait perdu en partie cet espoir. (…) Et on a pu atteindre en onze mois quelque chose d’incroyable ! (...) Pourquoi nous trouvons-nous aujourd’hui dans une autre sorte de Guerre froide entre l’Est et l’Ouest, comme à l’époque ?"

Joachim Bitterlich évoque également la montée de l’extrême droite en Allemagne après la récente crise migratoire : "On peut prendre comme contraste les années 1991-92 où nous avons reçu 500 000 ex-Yougoslaves lors du déclenchement de la guerre civile, sans heurts, sans problèmes, et maintenant, 2015, les réfugiés syriens et autres qui arrivaient et la montée de l’extrême droite qui s’en est suivie. N’oubliez pas qu’en Allemagne de l’Est, il n’y avait pas d’expérience avec les réfugiés jusque-là… La RDA avait quelques invités (…) mais pas du tout une tradition de migration. Pour eux, c’était une nouvelle expérience."

L'ancien conseiller d'Helmut Kohl reconnaît des erreurs dans l’élargissement de l’Union européenne : "On a fait une faute. On a voulu accepter directement [les pays de l'Est] et mettre un parapluie européen sur ces pays-là. Au lieu de leur expliquer qu’il fallait qu’ils regagnent d’abord une identité nationale. (…) Construisez une société politique, des partis politiques, une société civile… et ajoutez à cela en complément l’identité européenne. Et ce qu’on observe dans ces pays-là, c’est tout d’un coup les débats sur l’identité nationale qui sont en train de ressurgir."

Présentation : Caroline de Camaret.

Production : Mathilde Bénézet et Isabelle Roméro.