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Le prix Goncourt attribué à Jean-Paul Dubois et le Renaudot à Sylvain Tesson

Jean-Paul Dubois a reçu, lundi, le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires de la francophonie, pour "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon". Le Renaudot revient à Sylvain Tesson pour "La Panthère des neiges".

Beaucoup attendaient Amélie Nothomb, mais le Goncourt a finalement choisi de récompenser Jean-Paul Dubois. L'auteur de "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" (éd. L'Olivier) lui a ravi le 117e prix Goncourt au 2e tour de scrutin par six voix contre quatre, lundi 4 novembre.

"Tout arrive ! C'est adorable...", a déclaré Jean-Paul Dubois devant la presse. "C'est assez irréel", a-t-il encore réagi. Pour exprimer son émotion, l'écrivain a choisi de citer une phrase du footballeur nord-irlandais George Best. "Je suis vraiment heureux, flatté d'être ici devant vous, je suis surtout heureux de me tenir debout".

Le lauréat "est quelqu'un de très moderne dans sa vision du monde et son écriture", a commenté, de son côté, le président de l'Académie Goncourt, Bernard Pivot. "Si les romans de Jean-Paul Dubois étaient traduits de l'anglais, il aurait, en France, un statut comparable à ceux de John Irving ou de William Boyd", a-t-il ajouté.

On m'annonce que mon roman a remporté le Prix Goncourt 2019. Une immense émotion. Merci! Merci! Merci!

  Jean-Paul Dubois (@JeanPDubois) 4 novembre 2019

Écrivain discret et populaire

Le 22e titre de l'écrivain (256 pages, 19 euros) raconte l'histoire d'un homme, Paul Hansen, qui croupit depuis deux ans dans une prison de Bordeaux (qui comme son nom ne l'indique pas se trouve au Québec !) quand le lecteur le rencontre.

Paul Hansen, le narrateur, va nous raconter comment il en est arrivé à partager une cellule avec un Hells Angel, formidable personnage, effrayant et touchant, qui ne rêve que d'"ouvrir en deux" ceux qui ne lui reviennent pas.

Les lecteurs habitués à lire Jean-Paul Dubois retrouveront dans ce roman (le plus beau d'entre tous, selon de nombreux critiques) les ingrédients habituels de son œuvre : le prénom fétiche Paul, un dentiste, un accident, le goût des détails techniques indiqués avec exactitude comme la NSU Ro 80, voiture révolutionnaire au moteur rotatif, l'orgue Hammond B3, l'hydravion Beaver... ou les techniques d'entretien d'une piscine.

Écrivain discret et populaire, Jean-Paul Dubois a déjà été couronné par le prix Femina (en 2004 pour "Une vie française"). Le Toulousain de 69 ans a construit depuis une trentaine d'années une œuvre qui séduit par sa délicatesse et sa profonde humanité.

Lauréat du Goncourt, l'ancien journaliste reste en lice pour un autre prix convoité : le Goncourt des lycéens, qui sera décerné le 14 novembre. L'an dernier, le prix Goncourt avait été décerné à Nicolas Mathieu pour "Leurs enfants après eux" (Actes Sud) et le Goncourt des lycéens à David Diop pour "Frère d'âme" (Seuil).

Sylvain Tesson reçoit le Renaudot

Le Renaudot a été octroyé dans la foulée à Sylvain Tesson pour "La Panthère des neiges" (Gallimard). Comme l'an dernier, le jury du Renaudot a récompensé un auteur qui ne figurait pas dans sa liste de finalistes. L'écrivain l'a emporté au second tour par six voix contre deux pour "La part du fils" (Stock) de Jean Luc Coatalem et deux voix à "Pourquoi tu danses quand tu marches ?" (JC Lattès) de l'écrivain franco-djiboutien Abdourahman A. Waberi.

"Je suis sorti du chapeau comme un lapin. Je me sens comme une panthère, qui déboule dans un monde en ordre, un éléphant dans un magasin de porcelaine...", a réagi Sylvain Tesson. Son récit s'est déjà écoulé à 50 000 exemplaires selon l'institut GfK cité par le magazine professionnel Livres Hebdo.

"Cher cinéma français" (Albin Michel) d'Eric Neuhoff a, pour sa part, été récompensé par le Renaudot essai.

Avec AFP