Le Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, est confronté à une première contestation d'ampleur, vendredi, avec plusieurs milliers de manifestants islamistes qui ont rejoint Islamabad pour réclamer sa démission.
Des milliers de manifestants islamistes se sont rassemblés, vendredi 1er novembre, dans la capitale du Pakistan, Islamabad, après avoir passé des jours à parcourir le pays en exigeant la démission du gouvernement du Premier ministre Imran Khan.
Les écoles étaient fermées pour le deuxième jour d'affilée et d'importants embouteillages paralysaient la ville, alors que 17 000 membres des forces de l'ordre sont mobilisés pour éviter des débordements.
Malgré le blocage de certains grand axes par des empilements de conteneurs de transport, les manifestants ont continué à se faufiler dans la ville tout au long de la matinée en attendant les instructions de leurs leaders avant les prières du vendredi.
"Nous protestons pour renvoyer ces dirigeants incapables chez eux... les nôtres sont au chômage et les usines ferment", a déclaré à l'AFP Abu Saeed Khan, venu de Peshawar, la capitale du Nord-Ouest, à près de 200 km de la capitale. "Nous devons leur faire quitter le pouvoir", a ajouté un autre manifestant, Anas Khan.
Première contestation politique d'ampleur contre Imran Khan
La "marche Azadi (pour la liberté, NDLR)" est menée par le maulana – un titre honorifique dans l'Islam – Fazlur Rehman, qui dirige le Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F), l'un des plus grands partis islamistes du pays. Le religieux, rival de longue date du Premier ministre, appelle à sa démission et à l'organisation d'une nouvelle élection "libre et régulière".
Il s'agit de la première contestation politique d'ampleur du gouvernement d'Imran Khan, arrivé au pouvoir à l'été 2018 après un scrutin dénoncé comme manipulé par l'opposition.
La marche a commencé plusieurs jours auparavant : Fazlur Rehman et des milliers de ses sympathisants ont quitté jeudi le district de Jhelum, à plus d'une centaine de kilomètres d'Islamabad, selon le porte-parole du JUI-F, Abdul Jalil Jan ; un deuxième groupe de manifestants est parallèlement parti de Peshawar, grande ville du Nord-Ouest. Les deux convois ont convergé jeudi soir tard à Islamabad.
Les femmes interdites de manifestation
Le maulana Rehman conduira les prières du vendredi avant de lancer la manifestation dans la capitale, a annoncé son parti.
Les organisateurs ont refusé que des femmes fassent partie du cortège, s'attirant de vives critiques sur les réseaux sociaux.
Des informations font état de journalistes empêchées de couvrir l'évènement. Alors qu'elle commençait à parler face caméra, "un homme est venu et à commencé à dire que les femmes n'étaient pas admises, qu'elles ne POUVAIENT PAS rester. Partez !", a raconté la reporter Shiffa Yousafzai sur Twitter.
What we saw today there at #Azadi_March being encircled by the mob, their reactions, the slogans they chanted against me (women) were pretty ugly... pic.twitter.com/D8w7E5bfKr
Shiffa Z. Yousafzai (@Shiffa_ZY) November 1, 2019"En une minute, une foule d'hommes nous a encerclés et a commencé à chanter les slogans, nous avons dû partir", a-t-elle poursuivi, racontant s'être avant cela "sentie très mal à l'aise d'être dévisagée comme une extraterrestre" par la foule masculine.
"En regardant de loin la ‘marche Azadi’, une chose est claire pour moi. Dans la démocratie pour laquelle le maulana se bat, les femmes n'auraient pas leur place", a tweeté la défenseure des droits de l'Homme, Marvi Sirmad.
Avec AFP