
Le président bolivien sortant, Evo Morales, est arrivé dimanche en tête du scrutin, suivi de près par le centriste Carlos Mesa, selon des résultats partiels. Un second tour, inédit depuis l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales, devrait donc avoir lieu.
En tête mais pas élu dès le premier tour. Evo Morales remportait 45,28 % des voix, dimanche 20 octobre vers 20 h (00 h 00 GMT), lors de l'élection présidentielle en Bolivie, suivi de près par son principal adversaire, le centriste Carlos Mesa, qui totalisait 38,16 % des votes, selon des résultats partiels portant sur près de 84 % des bulletins dépouillés.
Sur la base de ces résultats partiels, Evo Morales devrait affronter Carlos Mesa lors d'un second tour, une première depuis qu'il est arrivé au pouvoir en 2006, prévu le 15 décembre prochain.
"On est au second tour !", s'est réjoui devant ses partisans survoltés Carlos Mesa, en prenant connaissance des premiers résultats dans son QG de campagne au sud de la capitale La Paz.
Peu après, depuis le palais présidentiel dans le centre de la ville, face à des centaines de partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS) qui scandaient "Evo, tu n'es pas seul !", le chef de l'État a dit faire confiance au vote des zones rurales pour éviter un second tour.
"Le peuple bolivien s'est imposé pour continuer le processus de changement", s'est-il félicité en référence au nom du programme du gouvernement.
Pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des voix avec 10 points de pourcentage d'écart sur le second.
"Ca semble désormais très difficile que le résultat change. Il faudrait pour cela que 75% des votes manquant soient en faveur du MAS et cela ne va pas arriver car il y a une usure" du gouvernement, voulait croire l'analyste Daniel Valverde.
"Malaise citoyen"
"En cas de second tour, ça devient un référendum" pour ou contre Evo Morales, explique quant à lui Gaspard Estrada, spécialiste de l'Amérique latine à Sciences Po Paris.
Neuf candidats aspiraient à diriger la Bolivie, mais seul Carlos Mesa, un journaliste de 66 ans qui fut déjà président entre 2003 et 2005, semblait en mesure de faire trébucher le chef de l'État de 59 ans, jusqu'ici systématiquement élu dès le premier tour.
Dans ce pays de 11,3 millions d'habitants, le vote est obligatoire.
L'opposition a appelé à un "vote sanction", le camp présidentiel au "vote sûr". Après avoir voté, le vice-président Alvaro Garcia Linera a enjoint les électeurs à "penser à la tranquillité de la Bolivie", en mentionnant les violentes manifestations au Chili et en Équateur.
Pour la politologue bolivienne Maria Teresa Zegada, "le pouvoir a remplacé les politiques destinées à toute la population par d'autres qui ne servent les intérêts que de certains secteurs, et des leaders de l'opposition ont été persécutés". "Tout cela a provoqué un malaise citoyen et donné l'impression que la démocratie était en danger", analyse-t-elle.
En outre, la décision d'Evo Morales de briguer un quatrième mandat, malgré le "non" lors du référendum de février 2016, est très mal vue par une partie des Boliviens et critiquée par l'opposition, qui estime que le pays pourrait verser dans l'autocratie en cas de nouvelle victoire.
Les 7,3 millions d'électeurs boliviens ont voté dimanche pour leurs président et vice-président, ainsi que pour leurs 130 députés et 36 sénateurs.
Avec AFP