Cinq jours après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, les autorités ont déclaré, mardi, que plus de 5 250 tonnes de produits chimiques avaient brûlé. Il n’y a pas de "risque avéré" lié à l'amiante dans l'air, ont-elles également indiqué.
Plus de 5 250 tonnes de produits chimiques ont brûlé dans le violent incendie qui a détruit en partie, le 26 septembre, l'usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime), annonce la préfecture mardi 1er octobre dans la soirée.
Les autorités, qui parlent désormais de "catastrophe industrielle", s'étaient engagées à rendre publiques la liste et la nature des produits consumés face à l'inquiétude des habitants sur les conséquences sanitaires et écologiques du sinistre et aux appels à "la transparence" de la classe politique.
Parmi les produits chimiques partis en fumée, on trouve du détergent, des solvants et des additifs multi-usages, selon les listes publiées par la préfecture :
Plus tôt dans la soirée, la préfecture de Normandie a assuré, au cours d'une conférence de presse, qu'il n'y avait pas de "risque avéré" lié à l'amiante dans l'air, selon les premiers relevés réalisés vendredi au lendemain de l'incendie de l'usine chimique Lubrizol à Rouen. Par ailleurs, "160 fûts en état délicat" doivent encore être évacués du site industriel, a indiqué le préfet de Normandie, Pierre-André Durand.
"En ce qui concerne l'amiante dans l'air, on est sur le bruit de fond des fibres d'amiante dans l'air, des niveaux extrêmement faibles", a assuré Patrick Berg, directeur de la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement de Normandie. "On peut estimer qu'avec cette première série de relevés, il n'y a pas de risque lié à l'amiante. Ce risque n'est pas avéré".
Ces prélèvements d'air ont été réalisés par la société Lubrizol "vendredi à ses frais", selon la même source. "Ce qui est dangereux pour la santé, c'est les fibres d'amiante dans l'air", a rappelé Patrick Berg. "Les fûts sous l'effet de la chaleur ont explosé et ont fracassé (une) toiture en fibrociment et ont projeté à des distances assez conséquentes des fragments de fibrociment" mais "cette projection ne diffuse pas de fibres d'amiante dans l'air", a assuré le haut fonctionnaire.
"Un protocole en cours de finalisation"
Patrick Berg a précisé que les 160 fûts endommagés "contiennent un produit qui comprend du soufre et dont l'échauffement peut produire du mercaptan et du sulfure d'hydrogène (H2S) qui est beaucoup plus toxique que le mercaptan". "Mercaptan et H2S sont des composés préoccupants" mais "il n'en a pas été détecté", selon lui.
Pour ces 160 fûts, "un protocole d'intervention est en cours de finalisation", a expliqué le préfet, Pierre-André Durand. Il permettra, selon lui, dans les prochains jours, l'évacuation de ces fûts "qui participent aux émanations d'odeurs".
La nappe d'hydrocarbures, d'huile, de mousse et d'eau qui subsiste sur le site et serait à l'origine de l'odeur incommodante à Rouen et dans son agglomération est en cours de pompage, a ajouté le préfet. "Les pompages
(...) vont se poursuivre dans les jours qui viennent jusqu'à ce que les mauvaises odeurs disparaissent", a-t-il insisté.
"Quelle est la liste des produits qui ont brûlé ?"
Face au débat sur la nécessaire transparence due à une population inquiète, le Premier ministre avait annoncé que la liste et la quantité des produits qui ont brûlé sur ce site industriel seraient rendues publiques mardi.
La nature des produits stockés dans les quelque 1 300 sites Seveso français n'est pas destinée à être divulguée en raison du risque terroriste, notamment depuis une tentative d'attentat en 2015 sur un site d'Air Products en Isère. Édouard Philippe a
toutefois précisé à l'Assemblée qu'il levait cette restriction pour Rouen.
Plusieurs centaines de manifestants
David Cormand, secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), a réclamé sur France 2 "un suivi sanitaire épidémiologique des populations". "On aurait dû commencer à le faire avec des prises de sang, prendre des échantillons d'urine pour qu'il y ait un suivi dans le temps, ça n'a pas été fait".
En parallèle, plusieurs centaines de personnes manifestaient mardi à Rouen pour réclamer "la vérité" sur les conséquences sur la santé et l'environnement de l'incendie.
Le parquet de Rouen a par ailleurs annoncé mardi qu'"à ce jour plus d'une quarantaine de plaintes" consécutives à l'incendie avaient été "transmises" ou étaient "en cours de transmission".
Le parquet de Rouen s'est dessaisi au profit du pôle santé publique du parquet de Paris en raison notamment de la technicité du dossier et "du nombre de plaintes pour mise en danger d'autrui".
Avec AFP et Reuters