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Dans un discours très offensif à la Chambre des Communes mercredi, le Premier ministre britannique Boris Johnson a mis au défi l'opposition de voter une motion de défiance afin de débloquer la crise politique sur le Brexit.
Boris Johnson, dans un discours très attendu et particulièrement offensif à la Chambre des Communes, mercredi 25 septembre, a mis le Parti travailliste au défi de le renverser par une motion de censure.
Le Premier ministre britannique, au lendemain du camouflet que lui a infligé la Cour suprême britannique, et face à un Parlement en grande partie hostile, a proposé à l'opposition de voter une motion de défiance afin de débloquer la crise politique sur le Brexit.
"Je veux faire le Brexit", a insisté à plusieurs reprises le chef du gouvernement conservateur. "Ce Parlement doit s'effacer et laisser le gouvernement mettre le Brexit en œuvre, ou présenter une motion de censure et faire enfin face au jugement des électeurs".
Jeremy Corbyn, chef de file du parti travailliste, s'est quant à lui dit favorable à des élections anticipées, une fois la sortie de l'Union européenne repoussée. "C'est très simple. Si vous voulez des élections, demandez un report et organisons un scrutin", a-t-il déclaré.
Empêcher un "no deal"
Après la perte de sa majorité parlementaire et une série de défaites lors de votes successifs sur le Brexit, le Premier ministre avait décidé début septembre de geler pour cinq semaines les débats à la Chambre des communes. À l'unanimité, la
Cour suprême du Royaume-Uni a jugé cette initiative dépourvue de toute justification.
Plus de trois ans après le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne, la Chambre des communes ne parvient toujours pas à trouver d'issue sur le Brexit. Boris Johnson entend le mener à bien à la date prévue avec ou sans accord sur les conditions de cette sortie, alors qu'une majorité de députés est déterminée à empêcher le scénario d'un "no deal", comme le prévoit la loi.
Pour Jeremy Corbyn, la première bataille doit porter sur le respect de cette obligation par le Premier ministre conservateur. Ensuite seulement les travaillistes chercheront à le renverser et à provoquer des élections législatives.
"Ce parlement ne devrait plus siéger"
Geoffrey Cox, conseiller juridique du chef du gouvernement, a soulevé l'indignation en qualifiant la chambre actuelle de honte, et dans le même temps, les opposants de lâches pour leur refus d'organiser dès à présent des élections ainsi que leur volonté d'empêcher le Brexit. "Ce Parlement est un parlement mort. Il ne devrait plus siéger", a-t-il lancé. "Ce Parlement devrait avoir le courage d'affronter les électeurs. Mais il ne l'aura pas."
Geoffrey Cox a aussi annoncé que l'exécutif désormais minoritaire déposerait "bientôt" une motion pour la tenue d'élections législatives anticipées, pour la troisième fois après deux précédentes tentatives mises en échec par les députés, trop "lâches" selon lui. Selon plusieurs sondages d'opinion, le Parti conservateur arriverait en tête en cas de scrutin anticipé.
Ian Blackford, chef des députés du parti indépendantiste écossais SNP au Parlement britannique, a pour sa part déclaré que si Boris Johnson ne démissionnait pas, les députés finiraient par s'unir pour le faire partir. "Nous ne pouvons pas faire confiance à ce Premier ministre, son temps doit prendre fin", a-t-il affirmé.
Avec AFP et Reuters