
Particulièrement présent en Tunisie, en Turquie et à Majorque, le voyagiste britannique Thomas Cook, le plus vieux du monde, a annoncé faire faillite dans la nuit lundi. Quelque 600 000 touristes à travers le monde doivent être rapatriés.
Des milliers de salariés sur la paille, des centaines de milliers de touristes à rapatrier. Le voyagiste britannique Thomas Cook a annoncé, lundi 23 septembre, qu'il faisait faillite après avoir échoué au cours du week-end à trouver des fonds nécessaires pour sa survie.
"Malgré des efforts considérables, les discussions entre les différentes parties prenantes du groupe et de nouvelles sources de financements possibles n'ont pas débouché sur un accord. Le conseil d'administration a donc conclu qu'il n'avait d'autre choix que de prendre les mesures pour entrer en liquidation judiciaire avec effet immédiat", explique un communiqué.
We are sorry to announce that Thomas Cook has ceased trading with immediate effect.
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En parallèle, l'autorité britannique de l'Aviation (CAA) a indiqué que le groupe Thomas Cook, "tour opérateur et compagnie d'aviation à la fois, a cessé ses activités avec effet immédiat. Toutes les réservations Thomas Cook, vols et séjours, sont désormais annulées". Né en 1841, le tour opérateur indépendant le plus vieux du monde compte 22 000 employés dont 9 000 au Royaume-Uni. Les cabinets AlixPartners et KPMG devraient être nommés administrateurs des différentes filiales du groupe.
"L'opération de rapatriement la plus importante en temps de paix"
Les autorités vont devoir organiser un rapatriement massif de quelque 600 000 touristes dans le monde dont 150 000 pour la Grande-Bretagne, deux fois plus que lors de la faillite de la compagnie aérienne britannique Monarch il y a deux ans. "Le gouvernement et l'Autorité de l'aviation lancent l'opération de rapatriement la plus importante pour des civils de l'histoire en temps de paix", a ainsi fait valoir le département britannique des Transports dans un communiqué.
Les autorités britanniques ont activé un plan d'urgence surnommé "Opération Matterhorn", du nom d'une campagne de bombardement américaine lors de la Deuxième Guerre mondiale."Les clients qui sont à l'étranger doivent consulter le site www.thomascook.caa.co.uk et ne se rendre à l'aéroport que lorsqu'ils ont un vol alternatif confirmé", enjoint la CAA qui précise les numéros des lignes téléphoniques spéciales ouvertes pour aider les voyageurs (0300 303 2800 en Grande-Bretagne et Irlande, +44 1753 330 330 depuis l'étranger).
La CAA ajoute avoir sécurisé des avions spéciaux pour cette opération colossale qui devrait durer jusqu'au 6 octobre, même si certains touristes pourront rentrer par des vols commerciaux. Elle rappelle que les voyages organisés bénéficient de la garantie ATOL, qui découle d'une directive européenne. Cette législation s'applique aux autres membres de l'UE, notamment la France et l'Allemagne qui ont de gros contingents de clients de Thomas Cook, et ces derniers devraient bénéficier de fonds de garantie locaux.
La CAA relève que les clients ayant acheté un séjour qu'ils n'ont pas encore utilisé auront droit à "un remboursement complet", et que ceux qui sont coincés à l'étranger pourront aussi recouvrer les frais encourus sur place si leur retour est retardé.
Son destin s'est joué en quelques jours
Le patron du voyagiste, Peter Fankhauser, a souligné que "bien qu'un accord ait été déjà largement approuvé, une requête pour des fonds supplémentaires ces derniers jours a présenté une difficulté qui s'est révélée insurmontable". "C'est un profond regret pour le conseil d'administration et moi de ne pas avoir réussi. Je tiens à m'excuser auprès de nos millions de clients, nos milliers d'employés, fournisseurs et partenaires qui nous soutiennent depuis des années", ajoute-t-il, déplorant aussi un "jour profondément triste pour une entreprise pionnière du voyage organisé".
Le voyagiste très lourdement endetté a vu son horizon s'assombrir ces dernières années à cause de la concurrence acharnée des sites Internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit notamment. Il avait annoncé une perte abyssale de 1,5 milliard de livres pour le premier semestre, pour un chiffre d'affaires de quelque 10 milliards.
Son destin s'est joué en quelques jours : des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres (227 millions d'euros) de financements supplémentaires pour qu'un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres et mené par le chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé. Des discussions marathon ont eu lieu tout le week-end, mais en vain.
Avec AFP