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Funérailles en Suisse pour un glacier disparu sous l'effet du réchauffement climatique

Comme en Islande il y a quelques semaines, des Suisses commémorent par une longue "marche funèbre" en montagne, la disparition d'un des glaciers alpins les plus étudiés, le Pizol, évaporé sous l'effet du réchauffement climatique.

À la veille du sommet spécial de l'ONU sur le climat, lundi à New York, une cérémonie un peu particulière a lieu dimanche 22  septembre en Suisse. Pour rendre hommage à un glacier alpin, le Pizol, évaporé sous l'effet du réchauffement climatique, une marche funèbre est organisée.

Après une randonnée deux heures, les participants, en habits de deuil, devaient rejoindre dans la journée, sous un ciel nuageux, le pied de cet ancien glacier escarpé situé aux alentours de 2   700   mètres d'altitude, près du Liechtenstein et de l'Autriche.

Une couronne de fleurs sera déposée, mais aucune plaque commémorative ne sera en revanche laissée sur place, contrairement à ce qu'ont fait les Islandais le 18 août, à la mémoire de l'Okjökull, le premier glacier de l'île à avoir perdu son statut.

#UPDATE ???????? Dozens of people dressed in black went on a "funeral march" up a steep Swiss mountainside on Sunday to mark the disappearance of an Alpine glacier amid growing global alarm over climate change https://t.co/OTJjbm9hk4 #Pizol#CoveringClimateNow pic.twitter.com/uJ6MF2mSG9

  AFP news agency (@AFP) 22 septembre 2019

"Ce n'est plus du tout un glacier"

En Suisse, le Pizol "a tellement perdu de sa substance que, d'un point de vue scientifique, ce n'est plus du tout un glacier", a expliqué Alessandra Degiacomi, de l'Association suisse pour la Protection du Climat, une des ONG à l'origine des funérailles.

"Depuis 1850, on estime qu'il y a plus que 500 glaciers suisses qui ont complètement disparu", dont seulement 50 avaient un nom, a également décrit Matthias Huss, glaciologue à l'École polytechnique fédérale de Zurich, qui participe à la cérémonie. "Le Pizol, ce n'est pas le premier. Mais, on peut le considérer comme le premier glacier Suisse en train de disparaître qui a été très bien étudié", et ce depuis 1893, a-t-il souligné. Depuis 2006, il a perdu environ 80 à 90   % de son volume. Seuls subsistent quelque 26   000   m², soit "moins que quatre terrains de football", a précisé Matthias Huss.

À l'image du Pizol, les quelque 4   000 glaciers alpins, des attraits touristiques qui fournissent aussi de l'eau en été à des millions de personnes, risquent de fondre de plus de 90   % d'ici à la fin du siècle si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, selon une étude de l'École polytechnique fédérale de Zurich.

Et quels que soient les efforts faits pour réduire les émissions, les Alpes perdront au moins la moitié de leurs glaciers. Situé en Suisse, le glacier d'Aletsch, le plus grand des Alpes, pourrait ainsi disparaître d'ici à 2100 si rien n'est fait pour freiner le réchauffement de la planète.

Les funérailles du Pizol sont donc, pour les ONG qui organisent l'événement, dont Greenpeace, l'occasion de rappeler que le changement climatique met aussi en péril "nos moyens de subsistance" et menace "la civilisation humaine telle que nous la connaissons en Suisse et dans le monde entier".

Avec AFP