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La France s'apprête à faciliter les expulsions de migrants vers l'Afghanistan

L'Assemblée nationale se prononce mercredi sur la ratification d'un accord entre l'UE et l'Afghanistan qui faciliterait le renvoi forcé vers Kaboul de migrants en situation illégale. Ces expulsions depuis Paris étaient jusqu'ici très rares.

La politique française en matière d'immigration s'invite au menu de l'Assemblée nationale. Les députés français doivent se prononcer mercredi 18 septembre sur la ratification par la France d'un accord entre l'Union européenne et l'Afghanistan comprenant un volet très spécifique sur les "flux migratoires irréguliers".

Ce texte ouvre la voie à des accords de réadmission qui vont faciliter les expulsions de migrants déboutés du droit d'asile, de Paris vers Kaboul.

Jusqu'ici, l'État français expulsait peu. Le ministère de l'Intérieur, contacté par InfoMigrants, et Amnesty International donnent les chiffres de 11 renvois forcés vers l'Afghanistan en 2017, 11 en 2018 et 11 en 2019.

Hasard du calendrier, alors même que les députés étudient l'accord à l'Assemblée, une expulsion devait avoir lieu mercredi depuis le centre de rétention administratif de Rennes, avant que le vol soit finalement annulé, a appris France 24.

Situation sécuritaire dégradée en Afghanistan

Le texte de l'accord est étudié par les députés au moment où les Taliban multiplient les offensives en Afghanistan. Dans ce contexte, des ONG tirent la sonnette d’alarme. La Cimade, association d’aide aux migrants, et Amnesty International jugent ces expulsions "inadmissibles au regard des risques graves encourus par les personnes visées". Les deux organisations parlent de violation du droit international et appellent à un moratoire de la France sur le renvoi des Afghans.

Dans le même temps, Paris entend augmenter les "retours volontaires" en distribuant une aide financière pour inciter les migrants afghans à rentrer chez eux. Le 12 septembre, l’État français a élevé cette aide à hauteur de 2 500 euros. Une mesure qui s'adresse spécifiquement aux Afghans, Iraniens et Irakiens sans papiers dans plusieurs régions de France.