Au lendemain de la condamnation puis de l'incarcération de Patrick Balkany pour fraude fiscale, l'ancien président Nicolas Sarkozy a fait part samedi de son soutien à son "ami d'enfance", le maire de Levallois-Perret, et à son épouse.
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a dit samedi 14 septembre avoir "de la peine" pour son "ami d'enfance" Patrick Balkany, condamné vendredi à quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt, et espérer que le maire Les Républicains de Levallois-Perret et son épouse Isabelle "vont tenir le coup".
"C'est un ami d'enfance et ça m'a fait de la peine pour lui, ça me fait de la peine pour elle. C'est certainement pas quand les gens sont dans la difficulté qu'il faut les abandonner", a déclaré à la presse l'ancien chef de l'État, un très proche du couple Balkany, qui s'exprimait en marge d'une séance de dédicace de son livre à Neuilly-sur-Seine.
"Un peu d'humanité ne fait pas de mal. Je sais la règle dans la vie politique et je connais la règle aussi de la vie médiatique : quand vous êtes dans la tourmente, il n'y a plus personne", a ajouté M. Sarkozy.
"J'espère qu'ils vont tenir le coup et qu'ils vont surmonter ce qui est une épreuve. Peut-être qu'on peut les laisser tranquille maintenant et peut-être qu'on peut faire preuve aussi d'un peu de pudeur", a conclu l'ancien président de la République.
Condamné pour fraude fiscale, Patrick Balkany, une figure de la droite française, a passé sa première nuit à la prison de la Santé à Paris. Selon une source proche du dossier, l'ancien député a été placé en détention au quartier "pour personnes vulnérables", "qui n'est en aucun cas un quartier VIP". Ce quartier spécifique accueille notamment des fonctionnaires de police, des élus et des hommes soupçonnés d'infractions à caractère sexuel.
Une peine "inédite"
Les avocats du maire de Levallois-Perret, qui a aussi été condamné à dix ans d'inéligibilité, ont dénoncé une peine "inédite" et "qui bat tous les records". Ils ont immédiatement fait appel et déposé une demande de mise en liberté. Cette demande sera examinée par la cour d'appel de Paris, qui doit statuer dans les deux mois.
Isabelle, son épouse et première adjointe, a elle été condamnée à trois ans de prison ferme, mais sans mandat de dépôt. "Je ne comprends pas (...) et je comprends d'autant moins que le président du tribunal a dit deux fois qu'il n'y avait pas un centime d'argent public" dans la fraude fiscale du couple, a réagi Isabelle Balkany sur BFMTV juste après la condamnation.
Le couple a "toujours assumé" ses fautes, a estimé la première adjointe de Levallois-Perret, qui cogérait avec son mari cette ville cossue proche de Paris. "Je pensais, peut-être naïvement – j'aurais dû poursuivre mes études de droit –, que l'on plaçait sous mandat de dépôt quelqu'un qui représentait éventuellement un danger pour l'ordre public ou qui pourrait quitter la France subitement. Ce n'est évidemment pas le cas de mon époux", a ajouté Mme Balkany.
Des habitants sous le choc
À Levallois-Perret, l'incarcération de Patrick Balkany, âgé de 74 ans et dirigeant la commune des Hauts-de-Seine depuis 1983, a suscité la stupeur chez de nombreux habitants.
Une cinquantaine de personnes se sont ainsi rassemblées, samedi 14 septembre, devant la mairie pour dénoncer la détention du maire de la ville. "Cette condamnation est inadmissible, incompréhensible, c'est tout simplement scandaleux", s'est emportée Anne auprès de l'AFP. Ex-habitante de Levallois-Perret, elle a fait le déplacement pour signer un livre d'or de soutien au couple, installé devant l'hôtel de ville.
Réaction similaire pour Nathalie, qui vit dans cette ville cossue depuis 12 ans : "Aller en prison pour fraude fiscale, c'est complètement disproportionné ! Il paie pour tous les autres." Une vision partagée par Thierry Khayat, tee-shirt blanc floqué de l'inscription "Soutien total à Balkany". Pour lui, "cette histoire de mandat de dépôt, ça n'a pas de précédent. Personne, aucun politique condamné n'a dormi en prison. On fait ça pour l'humilier."
Une heure après le début du rassemblement, Isabelle Balkany, qui assure l'intérim de son époux en tant que première adjointe, est sortie, sous les acclamations, saluer les habitants. "Je suis profondément touchée", a-t-elle déclaré à la presse.
Réélu en 2014 pour un quatrième mandat municipal, Patrick Balkany espère toutefois pouvoir retrouver ses pleines fonctions à la mairie si sa demande de mise en liberté est acceptée. Son épouse assure qu'en son absence, elle continuera de "travailler pour les Levalloisiens" et mènera notamment le conseil municipal" prévu le 23 septembre.
Avec AFP