Quelque 750 millions d'euros seront consacrés à désengorger les urgences, a annoncé lundi la ministre de la Santé. Son "pacte de refondation" n’offre cependant ni les lits ni les effectifs supplémentaires réclamés par les professionnels en grève.
Les mesures annoncées auront-elles raison de la mobilisation ? Acculée par la grève inédite touchant les services d'urgences hospitalières depuis près de six mois, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a détaillé, lundi 9 septembre, un "pacte de refondation" de 750 millions d'euros sur trois ans. Mais il ne prévoit ni les lits ni les effectifs supplémentaires réclamés par les grévistes.
Création d'un "service d'accès aux soins", 50 nouvelles maisons médicales de garde, réforme du financement des urgences... Quelques nouveautés figuraient parmi la douzaine de mesures dévoilées lundi par la ministre.
Une première salve avait été annoncée la semaine dernière : l'admission directe des personnes âgées sans passer par les urgences, la vidéo-assistance entre les Ehpad et les régulateurs du Samu, ou encore l'envoi d'une ambulance vers un médecin libéral pour les cas les moins graves.
Désengorger les urgences
"L'heure n'est plus au constat mais aux solutions", a déclaré la ministre devant la presse à l'issue de sa rencontre avec les représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, des syndicats de médecins libéraux et du collectif Inter-Urgences, à l'origine de la grève.
Au total, entre 2019 et 2022, "plus de 750 millions d'euros" seront consacrés à ce plan visant à désengorger les urgences en s'appuyant davantage sur la médecine de ville et en accélérant les prises en charge.
"En incluant les 70 millions délégués dès juillet 2019 pour financer la prime urgences" et les renforts estivaux annoncés en juin par la ministre, ainsi que certains mesures du Plan "Ma Santé 2022", l'effort se chiffre à plus d'un milliard d'euros, a résumé la ministre.
"Service d'accès aux soins"
Il n'y a "rien sur les lits, rien sur les postes", a immédiatement regretté Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences. Sans compter les revendications salariales, également au cœur des revendications.
"Avant d'ouvrir des lits je souhaite qu'on optimise (leur) gestion" au sein des groupements hospitaliers de territoire, a expliqué la ministre, qui n'exclut pas d'y revenir dans un deuxième temps si les solutions proposées s'avèrent "insuffisantes".
Dans l'immédiat, elle affirme préférer miser sur la mise en place, d'ici "à l'été 2020", d'un service d'accès aux soins" (SAS).
En ligne ou par téléphone, 24 heures sur 24, ce service orientera les patients vers une consultation en ville ou une téléconsultation ou vers les urgences, éventuellement via l'envoi d'une ambulance.
Prime de 100 nets pour les assistants de régulation médicale
Une concertation de "deux mois" va s'ouvrir entre médecins libéraux, professionnels hospitaliers et pompiers, a indiqué la ministre, sans se prononcer sur la mise en place d'un numéro unique pour les urgences pour remplacer les numéros existants (15, 18, 112, 116-117). Un débat qui dure depuis plusieurs années.
Une prime de 100 euros nets mensuels sera par ailleurs versée aux assistants de régulation médicale à compter de novembre, a annoncé la ministre.
Un traitement censé limiter la saturation de services dont la fréquentation a plus que doublé en vingt ans, atteignant 21,4 millions de passages en 2017.
Mais pas suffisant pour satisfaire Hugo Huon. La ministre "se refuse complètement à revaloriser les métiers soignants, il y a un tel déni des professions paramédicales, c'est assez fou", a-t-il déclaré à l'AFP. Rappelant que le collectif devait se réunir mardi en Assemblée générale, il a estimé que "les gens [étaient] très sceptiques" sur ces annonces.
Avec AFP