Plusieurs organisations de défense des droits humains appellent à la libération de Hajar Raisouni, une journaliste marocaine arrêtée à Rabat pour un avortement illégal qu’elle nie. La loi marocaine punit l'IVG de six mois à cinq ans de prison.
Le sort de la Marocaine Hajar Raissouni mobilise les organisations de défense des droits humains. Plusieurs d’entre elles ont appelé vendredi 6 septembre à la libération immédiate de cette jeune journaliste. Elle a été arrêtée au Maroc pour un "avortement illégal", qu'elle nie, tandis que les messages de soutien se multiplient sur les réseaux sociaux.
"Au lieu d'intimider Hajar Raissouni en la poursuivant sur des charges injustes, les autorités devraient la libérer immédiatement et sans condition", affirme Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International, dans un communiqué.
"Violer son droit à la vie privé et criminaliser une liberté individuelle est inadmissible", abonde Ahmed Benchemsi, directeur régional de Human Rights Watch. "Ajoutons ici des soupçons de coup bas politique vu que l'accusée est reporter dans un des derniers journaux indépendants du Maroc", poursuit-il.
Hajar Raissouni, 28 ans, journaliste au quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, a été arrêtée samedi par six policiers au sortir d'un cabinet médical de Rabat et soumise à une expertise médicale qu'elle conteste.
"Affaire politique"
Elle a été placée en détention dans l'attente de son procès prévu lundi pour "avortement illégal" et "relations sexuelles hors mariage". Son fiancé qu'elle devait épouser mi-septembre, selon ses proches, a été arrêté en même temps qu'elle, tout comme le médecin traitant, un infirmier et une secrétaire.
Mercredi, le procureur général du roi de Rabat a détaillé dans un communiqué les éléments médicaux confirmant ses "signes de grossesse" et son "avortement volontaire tardif".
La journaliste dénonce des "accusations fabriquées" et une "affaire politique" liée à ses articles, selon ses proches.
Le sort d'Hajar Raissouni indigne depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, avec des réactions autour du droit à la vie privée, des libertés individuelles ou du droit des femmes à disposer de leur corps. Quelque 150 journalistes ont signé une pétition de solidarité dénonçant les "campagnes diffamatoires" visant à détruire leur consœur.
La loi marocaine punit l'interruption volontaire de grossesse (IVG) de six mois à cinq ans de prison sauf quand la santé de la mère est en danger. De 600 à 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon les associations militant pour sa légalisation.
Avec AFP