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Présidentielle en Tunisie : le candidat Nabil Karoui reste en prison

Une cour d'appel tunisienne a rejeté, mardi, la demande de libération du candidat à l'élection présidentielle Nabil Karoui. Le magnat des médias est soupçonné de fraude fiscale et blanchiment d'argent.

Nabil Karoui devra continuer sa campagne pour l'élection présidentielle tunisienne depuis sa cellule. Son avocat a annoncé, mardi 3 septembre, qu'une cour d'appel avait rejeté la demande de libération du magnat des médias.

L'homme d'affaires a été placé en détention le 23 août dernier sur ordre de la justice, qui le soupçonne de fraude fiscale et de blanchiment d'argent.

Après le rejet mardi en appel de la demande de libération, l'un de ses avocats, Me Mohamed Zaanouni, a rappelé qu'un pourvoi en cassation avait été introduit dès le 23 août. "Nous espérons avoir une audience rapidement, afin que les droits de M. Karoui en tant que candidat soient respectés", a indiqué à l'AFP M. Zaanouni, qualifiant son client de "prisonnier politique".

Selon les partisans, son arrestation est entachée d'irrégularités

Nabil Karoui est l'un des favoris du scrutin. Ses partisans soulignent que son arrestation, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle le 15 septembre, est entachée d'irrégularités, accusant le chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui est l'un de ses rivaux, d'en être l'instigateur.

Nombre d'observateurs, y compris des adversaires, estiment que la justice a été instrumentalisée dans cette affaire. Le gouvernement avait déjà présenté une loi permettant d'éliminer l'homme d'affaires de la course, mais cet amendement, quoique voté, n'a pas été promulgué.

La candidature de Nabil Karoui a été confirmée par l'instance chargée des élections en dépit de son incarcération et la campagne électorale a débuté lundi 2 septembre dans une grande incertitude.

"Faire la révolution des urnes"

Lundi, son parti Qalb Tounes ("Le cœur de la Tunisie") a réalisé son premier meeting dans la ville minière de Gafsa dont Nabil Karoui est originaire. Une responsable de cette formation y a lu une lettre qu'il aurait écrite depuis sa prison, où il appelle les Tunisiens à aller voter pour "faire la révolution des urnes" et "rendre la Tunisie au peuple".

Ce publicitaire est également le fondateur de l'une des principales chaînes de télévision privées en Tunisie, Nessma, qui émet sans licence.

Lui et son frère Ghazi sont visés par une instruction judiciaire du pôle financier depuis 2017, après le dépôt par l'ONG anticorruption I-Watch d'un dossier les accusant de fraude fiscale.

Le juge d'instruction au pôle financier avait décidé en juillet "le gel de leurs biens et de leurs fonds financiers" et ils sont sous le coup d'une interdiction de quitter le territoire.

Avec AFP et Reuters