La reprise d'Opel par le canadien Magna n'est pas parvenue à dissiper les doutes sur l'avenir de la marque allemande. Et pourrait même se retourner contre la chancelière Angela Merkel à deux semaines des élections législatives.
L’incertitude régnait encore en Allemagne au lendemain de l’accord qui transfère 55 % d’Opel à l’équipementier canadien Magna et à son partenaire russe Sberbank. Après des mois de négociations, General Motors s’est donc décidé à se séparer de sa marque européenne au profit du candidat qui avait la faveur du gouvernement allemand. "C’est un signal positif, mais il n’y pas lieu de tomber dans l’euphorie", a résumé à la télévision allemande le ministre de l’Économie, Karl-Theodor zu Guttenberg.
L’accord devrait permettre de sauver les quatre pôles d’emploi d’Opel en Allemagne, mais des licenciements sont tout de même à prévoir. Quelque 2 600 postes sont menacés dans le pays et, au niveau européen, 11 000 des 55 000 employés du constructeur pourraient se retrouver sur le carreau, d’après la presse allemande. "Magna n’est pas un enfant de cœur", a prévenu Armin Schild, le représentant du puissant syndicat IG-Metal au sein d’Opel. Des négociations vont débuter dans les jours à venir et, côté allemand, on espère aboutir à un accord d’ici novembre.
Le gouvernement allemand s’est en outre empressé de préciser qu’il ne donnerait pas un centime de plus à Magna que ce qu’il s’était déjà engagé à fournir, c'est-à-dire plus de 4,5 milliards d’euros de crédit. Au groupe canadien de prouver qu’il a les moyens de redresser la barre et d’investir pour le développement d’Opel. La marque allemande traîne en effet une perte annuelle de 2,4 milliards d’euros.
Une victoire politique ?
L’horizon est donc loin d’être dégagé sur le front économique. Et politique. Pour la chancelière chrétienne démocrate (CDU) Angela Merkel, obtenir un accord avec General Motors avant les élections législatives du 27 septembre était nécessaire. Elle s’est d’ailleurs réjouie de la décision du constructeur américain. Mais l’opposition compte bien ne pas la laisser transformer le rachat d’Opel en victoire politique. "Tout ça n’est qu’un sauvetage virtuel", a dénoncé la porte-parole des Verts Renate Künast. Même les libéraux du FDP, pourtant allié potentiel des chrétiens démocrates dans un futur gouvernement, ont dénoncé une manœuvre politicienne alors que "les emplois ne sont pas du tout sauvés".
Le rachat d’Opel par Magna pourrait donc se retourner contre Angela Merkel, dont l’avantage dans les sondages a baissé d’un point la semaine dernière.