Après un week-end de protestations parmi les plus violentes depuis le début du mouvement de contestation à Hong Kong, et de nouveaux appels à la grève, lundi, les manifestants ont multiplié les actions dans le métro et près des lycées.
Après un week-end marqué par de graves violences, Hong Kong vivait lundi 2 septembre de nouvelles turbulences avec des appels à la grève générale et à un boycott des cours dans les universités.
Dès les premières heures de la journée, les manifestants ont semé le chaos dans les métros et trains durant les heures de pointe, et les usagers des lignes du réseau de transports hongkongais ont été accueillis par des policiers anti-émeutes.
Habillés de noir, un certain nombre de protestataires ont bloqué les portes des trains dans plusieurs stations, les empêchant de démarrer et causant d'importants retards sur tout le réseau.
L'ampleur des perturbations générées a cependant été sans aucune mesure avec le chaos créé le 5 août, quand des opérations de blocage avaient paralysé pendant plusieurs heures l'ensemble d'un réseau d'ordinaire d'une efficacité remarquable.
Les lycéens boycottent les cours
Les autorités hongkongaises ont autorisé deux nouvelles manifestations, alors que plusieurs mouvements d'opposition ont appelé à la grève générale.
Par ailleurs, les universités devaient rouvrir lundi 2 septembre après les vacances d'été, mais les étudiants ont appelé à boycotter les cours pendant deux semaines ainsi qu'à un rassemblement dans l'après-midi.
Les élèves hongkongais du secondaire ont formé des chaînes humaines devant plusieurs lycées publics. Certains portaient des masques à gaz, des casques et des lunettes de protection, afin de se protéger des éventuels gaz lacrymogènes. Plusieurs d'entre eux ont manqué les cours afin de se rendre à une manifestation dans le centre de l'ex-colonie britannique.
Dans l'un des lycées, une statue de Sun Yat-sen, qui avait proclamé la République en Chine en 1912, a été affublée d'un masque à gaz et de lunettes de protection. "Hong Kong est notre maison. Nous sommes l'avenir de la ville et nous devons prendre nos responsabilités pour la sauver", a déclaré une élève de 17 ans se faisant appeler Wong.
Les étudiants sont depuis trois mois la colonne vertébrale d'un mouvement très jeune. On les trouve autant en première ligne, parmi ceux qui jettent des briques sur la police, qu'à l'arrière, formant le gros des foules qui manifestent. "C'est le premier jour de cours mais je veux toujours manifester", confie à l'AFP un étudiant de 19 ans se faisant appeler Tommy, dans le centre de Hong Kong. "Manifester est aussi une forme d'apprentissage", lâche-t-il.
Chaos
Hong Kong a connu samedi une journée de protestations parmi les plus violentes depuis le début du mouvement. Et dimanche, des milliers de manifestants prodémocratie ont tenté de bloquer les accès de l'aéroport en érigeant des barricades à l'aide de chariots à bagages, avant d'être chassés par la police.
Beaucoup de manifestants se sont alors déplacés vers la ville de Tung Chung, par laquelle passe l'unique route menant à l'aéroport. Ils ont utilisé des tuyaux pour inonder la station de métro de cette localité et aussi brûlé un drapeau chinois, un geste susceptible de provoquer la fureur de Pékin. Vingt-cinq vols ont dû être annulés selon les autorités aéroportuaires, qui ont ajouté lundi que les transports étaient en grande partie revenus à la normale.
Les manifestants n'ont en théorie plus le droit de protester à l'aéroport, en vertu d'un arrêté qui avait été pris le mois dernier après que des rassemblements dans ses terminaux eurent dégénéré et affecté des centaines de vols. Mais ils se sont souvent affranchis des interdictions.
Des violences ont plongé samedi soir plusieurs quartiers dans le chaos jusque tard dans la nuit. Des contestataires ont notamment incendié une énorme barricade dans le quartier de Wanchai (centre), à une centaine de mètres du QG de la police. Des scènes chaotiques se sont poursuivies dans toute la ville, la police pourchassant les manifestants jusque dans les stations de métro.
"La police est une pègre sous licence"
"La police est une pègre sous licence, avec un permis d'attaquer et d'agresser", a déclaré à l'AFP le député prodémocratie Kwok Ka-ki. "Le gouvernement n'est pas différent d'un régime autocratique."
Une quarantaine de personnes ont été arrêtées dans une station. "La sécurité des policiers et de la population est gravement menacée par cette escalade de la violence et l'utilisation de plus en plus fréquente par les manifestants d'armes meurtrières", a affirmé la police dans un communiqué. Celle-ci a indiqué avoir samedi soir effectué deux tirs de sommation après avoir été attaquée par un groupe de "manifestants violents qui ont même tenté de voler les armes de la police".
Les services hospitaliers de la ville soigné 31 dénombrent blessés, dont cinq gravement touchés.
Avec AFP