Après une phase de tension, les pourparlers ont repris mardi 27 août après-midi entre le Mouvement 5 Étoiles (M5S, anti-système) et le P arti d émocrate (PD, centre-gauche) en vue de former une nouvelle coalition gouvernementale en Italie, selon des représentants des deux formations. Une rencontre avait été annulée mardi matin, entraînant la suspension temporaire des négociations.

"La négociation est repartie", a déclaré le président du groupe PD au Sénat italien, Andrea Marcucci, à son arrivée au siège du parti pour une réunion des principaux dirigeants. Même son de cloche, chez le M5S, qui a confirmé dans une note écrite "accueillir positivement" les nouvelles positions "du Parti démocrate sur le rôle du président (du conseil) Giuseppe Conte. Oui à un dialogue sur le programme".

Car le M5S avait annulé mardi matin, au dernier moment, une séance de pourparlers avec le PD, dans le but de faire monter les enchères pour un accord. Le mouvement demandait à la formation de l'ancien président du Conseil Matteo Renzi de valider clairement et officiellement la reconduction du Premier ministre sortant Giuseppe Conte. Celui-ci est un proche du M5S.

Quelques heures après, la majorité du PD semblait ne mettre plus de veto à ce maintien de Giuseppe Conte, selon l'entourage de son chef, Nicola Zingaretti.

Jusqu'à mercredi soir pour un projet avec une "majorité solide"

En cas de succès, cela mettrait fin à près de trois semaines de crise politique, après le dynamitage par le patron de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini de l'alliance instable formée seulement 14 mois plus tôt avec le M5S.

L'hypothèse d'un gouvernement formé par les deux formations semble donc renforcée, à 24 heures de la date limite d u mercredi 28 août au soir, imposée par le pr ésident de la République Sergio Mattarella. Les tractations devraient continuer mardi soir et surtout mercredi, avec d es rendez-vous entre le président et les grands partis politiques.

Pour le PD, pas de Premier ministre limité entre deux vices

Le M5S et le PD, qui se sont vivement opposés depuis les élections législatives de l'an passé, éviteraient avec cette coalition des élections anticipées, souhaitées par le ministre de l'Intérieur sortant Matteo Salvini.

Fort de son poids de première formation au Parlement depuis les élections législatives de 2018 (32 % des suffrages), le M5S entend peser sur le partage des ministères avec le Parti d émocrate, même s'il joue avec le feu.

Toutefois, si le PD a fait un geste en levant son veto à la reconduction de Giuseppe Conte, il considère que ce dernier ne peut pas être limité par deux vice-Premiers ministres représentant les deux alliés de la majorité, comme lors de la majorité sortante. Le PD veut ainsi un seul vice-Premier ministre, issu d e ses rangs .

M5S contre la "vieille" classe politique

Les positions du M5S et du PD convergent sur une réduction du nombre de parlementaires (ramenés à 600 contre près de 950) et un programme économique attentif aux plus faibles et respectueux de l’environnement. Mais au sein du M5S, fondé sur le rejet de la vieille classe politique et traversé de courants eurosceptiques ou marqués à gauche, les dissensions sont fortes. Une partie des Cinq Étoiles refuse un mariage avec le parti de l'ex-président du Conseil Matteo Renzi, leur ennemi juré.

Selon les médias, Luigi Di Maio brigue le fauteuil de ministre de l'Intérieur, dans lequel il s'installerait à la place de Matteo Salvini, ce qui constituerait une revanche sur celui qui a mis à mort leur coalition. D'autres le voient au ministère de la Défense. Le Parti démocrate aimerait aussi décrocher les portefeuilles de l' É conomie et des Affaires étrangères, spéculent les journaux.

La présidence du Conseil a rejeté ces spéculations : "Jamais une demande pour que Luigi Di Maio aille au ministère de l'Intérieur n'a été avancée en présence de M. Conte, ni par le M5S ni par M. Di Maio lui-même".

Matteo Salvini dénonce les discussions

Le M5S a toutefois peu d’alternatives  : même s'il reste le premier parti au Parlement, il a perdu énormément de terrain . Le parti anti-système n'a obtenu que 17 % des voix aux dernières élections européennes et un retour aux urnes serait suicidaire, la Ligue de Matteo Salvini occupant la tête des intentions de vote.

De son côté, un peu abattu la veille quand un accord PD-M5S semblait en bonne voie, Matteo Salvini s'est moqué de tractations de dernière minute "non pas sur des projets mais des fauteuils", répétant son appel à retourner aux urnes : " F aites vites si vous voulez rassembler tout et le contraire de tout, ou alors allons voter".

Matteo Salvini a organisé, lundi 26 août, une conférence de presse pour dénoncer les discussions. "Vous pouvez fuir les élections pendant un mois, deux mois ou une année, mais vous ne pouvez pas fuir perpétuellement", a-t-il prévenu. "Ceux qui ont peur du jugement des Italiens n'ont pas la conscience tranquille", a-t-il ajouté.

Avec AFP et Reuters