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Incendies en Amazonie : la pression internationale sur Jair Bolsonaro s'intensifie

Les feux de forêt en Amazonie suscitent de vives réactions à l'international. La France, qui accuse Jair Bolsonaro d'avoir menti et remet en cause l'accord enter l'UE et le Mercosur, annonce que le sujet sera discuté lors du G7.

Alors que près de 2 500 nouveaux départs de feu en l'espace de 48 heures ont été enregistrés dans l'ensemble du Brésil, la pression internationale s’intensifie sur le président brésilien Jair Bolsonaro pour sauver le "poumon de la planète".

Emmanuel Macron a estimé, vendredi 23 août, que le président brésilien lui avait "menti" sur ses engagements en faveur de l'environnement. Dans ces conditions, le chef de l’État a annoncé que la France s’opposerait au traité de libre-échange controversé UE-Mercosur.

"Compte tenu de l'attitude du Brésil ces dernières semaines, le président de la République ne peut que constater que le président Bolsonaro lui a menti lors du sommet (du G20) d'Osaka", a déclaré l'Élysée, estimant que "le président Bolsonaro a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s'engager en matière de biodiversité".

Emmanuel Macron avait d'ailleurs donné rendez-vous aux membres du G7 pour "parler de l'urgence" des feux en Amazonie à Biarritz ce week-end. Une demande soutenue par la chancellerie allemande, qui a qualifié les incendies de "situation d'urgence aiguë" qui doit être discutée lors du sommet du G7.

Sur son compte Twitter, le nouveau Premier ministre britannique, Boris Johnson, a lui aussi réagi : "Les feux de forêt qui ravagent la forêt amazonienne ne sont pas seulement bouleversants, il s'agit également d'une crise internationale". Il a ajouté que son pays était "prêt à fournir toute l'aide nécessaire pour les maîtriser et contribuer à protéger l'une des grandes merveilles de la planète".

The fires ravaging the Amazon rainforest are not only heartbreaking, they are an international crisis. We stand ready to provide whatever help we can to bring them under control and help protect one of Earth’s greatest wonders.

  Boris Johnson (@BorisJohnson) August 23, 2019

"Une mentalité colonialiste"

La déclaration avait valu au président français les foudres de Jair Bolsonaro. Jeudi, ce dernier avait accusé Emmanuel Macron d'avoir "une mentalité colonialiste".

Dans deux tweets successifs, le président brésilien a accusé son homologue français d'"instrumentaliser une question intérieure au Brésil et aux autres pays amazoniens" avec "un ton sensationnaliste qui ne contribue en rien à régler le problème".

- O Governo brasileiro segue aberto ao diálogo, com base em dados objetivos e no respeito mútuo. A sugestão do presidente francês, de que assuntos amazônicos sejam discutidos no G7 sem a participação dos países da região, evoca mentalidade colonialista descabida no século XXI.

  Jair M. Bolsonaro (@jairbolsonaro) 22 août 2019

"Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel", a écrit le climatosceptique Jair Bolsonaro. "La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au XXIe siècle".

Emmanuel Macron avait exprimé son inquiétude dans un tweet, malencontreusement illustré d'une image prise par un photographe décédé en 2003. "Notre maison brûle. Littéralement. L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 % de notre oxygène, est en feu. C'est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence".

Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon pic.twitter.com/Og2SHvpR1P

  Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 22 août 2019

Sportifs et stars du show-business mobilisés

Le tweet du président français a fait écho à une salve d'appels à sauver l'Amazonie lancée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui s’est dit sur Twitter "profondément préoccupé" par les incendies sévissant dans la plus vaste forêt tropicale du monde, dont 60 % se trouvent en territoire brésilien.

"En pleine crise climatique mondiale, nous ne pouvons accepter davantage de dégâts sur une source majeure d'oxygène et de biodiversité", a écrit Antonio Guterres, réclamant que l'Amazonie soit "protégée".

I’m deeply concerned by the fires in the Amazon rainforest. In the midst of the global climate crisis, we cannot afford more damage to a major source of oxygen and biodiversity.

The Amazon must be protected.

  António Guterres (@antonioguterres) 22 août 2019

Face à cette "tragédie", le président équatorien Lenin Moreno a proposé à son homologue brésilien l'envoi de trois brigades de pompiers spécialisées dans les incendies de forêt.

Incendies en Amazonie : la pression internationale sur Jair Bolsonaro s'intensifie

Les appels pour l'Amazonie se sont également élevés du milieu sportif, avec Cristiano Ronaldo, qui a posté sur Twitter une photo de 2013 prise dans un État non amazonien, selon les fact-checkers de l'AFP. Et du show-business, notamment la chanteuse américaine Madonna, qui a publié sur Instagram une photo de 1989, légendée : "Président Bolsonaro s'il vous plaît modifiez votre politique. Nous devons nous RÉVEILLER".

Plus de 75 000 feux de forêt depuis le début de l’année

Des manifestations étaient prévues pour l'Amazonie vendredi, à Sao Paulo et Rio. Le mouvement "Fridays for Future", fondée par la jeune militante Suédoise Greta Thunberg, a appelé à manifester devant les ambassades et consulats du Brésil à travers le monde.

"En ce moment même, des incendies - qui se propagent très rapidement - sont en train de détruire la forêt amazonienne à un rythme alarmant. Notre maison est littéralement en train de brûler et les poumons de notre planète de se transformer en cendres", a écrit le mouvement dans un communiqué.

Si l'avancée des feux dans la plus vaste forêt tropicale de la planète était très difficile à évaluer, l'Institut national de recherche spatiale (INPE) a fait état de près de 2 500 nouveaux départs de feu en l'espace de 48 heures dans l'ensemble du Brésil. La déforestation, qui avance rapidement, est la principale cause des départs de feu.

D'après l'INPE, 75 336 feux de forêt ont été enregistrés dans le pays de janvier jusqu'au 21 août – soit 84 % de plus que sur la même période de l'an dernier – et plus de 52 % concernent l'Amazonie.

Avec AFP