Cinq personnes suspectées d'avoir participé au meurtre du documentariste français Christian Poveda ont été arrêtées au Salvador. La police estime que son assassinat a été commandité par un membre du gang sur lequel il réalisait un film.
AFP - La police du Salvador a arrêté mercredi cinq suspects, dont un policier, dans l'enquête sur le meurtre du reporter-photographe franco-espagnol Christian Poveda, commandité selon elle par un membre du dangereux gang sur lequel il avait réalisé un documentaire.
"L'enquête est parvenue à mener à l'arrestation de quatre personnes impliquées dans l'assassinat de M. Poveda", a dit le sous-directeur de la Police, Mauricio Ramirez, à San Salvador, la capitale. Une cinquième arrestation a été annoncée plus tard dans la journée.
Les suspects sont un policier, Juan Napoleon Espinoza, qui aurait fait passer le journaliste pour un informateur de police, et quatre membres de la "Mara 18": Calixto Rigoberto Escobar, José Alejandro Melara, Roberto Luis Romero et Miguel Angel Ortiz, selon M. Ramirez.
L'ordre de tuer Christian Poveda a été donné par un membre du même gang, Nelson Lazo Rivera, depuis sa prison de Cojutepeque, à 31 km à l'est de San Salvador, où il purge une peine pour d'autres délits, selon la police salvadorienne.
Christian Poveda, 54 ans, est l'auteur d'un documentaire qui doit sortir en France le 30 septembre, "La vida loca" (La vie folle), où il partage au plus près la vie et les tentatives de rédemption de membres de la "Mara 18", un gang ultraviolent dont les membres sont tatoués de la tête aux pieds.
Le photographe et cinéaste, né en France de parents espagnols, a été abattu de quatre balles dans la tête le 2 septembre. Son corps a été retrouvé au bord d'une route à quelques mètres de son véhicule tout-terrain, au nord de la capitale du Salvador.
Dans ce pays d'Amérique latine, les gangs qui se livrent au trafic de drogue et à des extorsions sont tenus responsables de 60% des homicides.
Christian Poveda a été incinéré mardi à San Salvador où une messe devait avoir lieu mercredi en son souvenir, a dit un proche de la famille à l'AFP.
Des membres de la famille du journaliste venus au Salvador ont entamé des démarches légales pour ramener "dans les prochains jours" les cendres à Alicante en Espagne, où elles seront enterrées, a ajouté cette source qui a sollicité l'anonymat.
Le sous-directeur des Enquêtes de la police, Howard Cotto, a expliqué que le policier arrêté avait des "liens" avec la "Mara 18". Il aurait dit au gang que Christian Poveda était un informateur de la police, "ce qui est faux".
"Cet agent a dit aux membres du gang que M. Poveda donnait des informations à la police, qu'il savait ce qu'ils faisaient, qu'ils avaient des armes et où ils les cachaient, mais nous devons rejeter totalement cette version parce que jamais M. Poveda n'a fourni d'informations à la police", a dit M. Cotto au cours d'une conférence de presse conjointe avec M. Ramirez.
Nelson Lazo Rivera a ordonné à d'autres membres du gang de faire une enquête sur le photographe et de l'abattre s'ils parvenaient à confirmer la thèse du policier.
Les membres du gang ont contacté Christian Poveda, dont le surnom était "l'Ami", et lui ont donné rendez-vous le 30 août. Mais le photographe n'est pas venu. Les membres de la "Mara 18" en ont déduit que la version selon laquelle il était un informateur était bonne, a poursuivi M. Cotto.
Ces mêmes hommes ont redonné rendez-vous au journaliste le 2 septembre près du quartier de La Campanera, à une dizaine de kilomètres au nord de San Salvador, où ils l'ont assassiné et où il a été retrouvé, toujours selon la même source.
La police n'a pas encore déterminé qui avait tiré les quatre coups de feu qui ont tué Christian Poveda.