
Les arnaques à la location saisonnière sur Internet sont fréquentes. En cette période estivale, le témoignage d’une Française sur sa mésaventure en Croatie a largement été relayée sur Twitter. Quelques vérifications permettent d’éviter ces pièges.
Chaque année en France, de nombreuses arnaques à la location de vacances sont rapportées dans les médias. Villa inexistante, maison louée à plusieurs personnes en même temps ou même habitations mises en location alors que le propriétaire occupe les lieux. Chloé, une jeune française, en a fait l’amère expérience. Dans un tweet posté lundi 19 août, elle raconte sa mésaventure, photos à l’appui : "Vous vous rendez compte qu’on a payé près de 6 500 euros une villa en Croatie, on avait trop trop hâte et arrivé sur place on trouve un terrain vague ???" Via le site Booking.com, Chloé avait réservé deux semaines dans une maison sur l’île de Hvar, pour dix personnes. Un témoignage massivement relayé sur le réseau social.
À la porte d’un terrain vague quand on est arrivé à l’adresse donné par @bookingcom suite à 5h d’appel avec le service client de @bookingcom aucune aide ni geste commercial. pic.twitter.com/WpLCw7Hg8Y
Julie (@JulieFelice_) August 19, 2019De nombreux vacanciers comme Chloé ont été floués. Sur le forum de consommateurs UFC-Que choisir, une discussion intitulée "Abritel/Homeway – Grosse arnaque à la location !" rassemble une cinquantaine de témoignages de victimes. "Nous sommes tombés dans le piège, une maison aux Sables d’Olonne à 5 600 euros", "Pareil pour nous à Hossegor, location à 2 800 euros", "Même scénario que vous tous, je me suis rendu compte de l’arnaque à 10 jours du départ". Tous, ou presque, évoquent des annonces "crédibles", et des paiements en marge du site, sur des comptes à l’étranger.
Ne pas sortir de la plateforme de réservation
Contacté par France 24, Thimothée Deroux, directeur général d’Abritel/Homeway, groupe franco-américain, insiste sur la responsabilité du consommateur. "Toute réservation effectuée sur Abritel bénéficie d’une totale protection. Il n’y a aucun risque de perdre son argent car en cas d’arnaque, nous remboursons intégralement la somme dépensée. Les gens qui se plaignent sont ceux qui ont été redirigés hors du site par le fraudeur, et ont payé hors de notre site. Dans ces cas-là, nous ne pouvons rien faire", explique-t-il, avant d’ajouter que "des avertissements paraissent sur toutes les pages lors de la réservation".
Pourquoi les vacanciers réservent-ils hors des sites sécurisés, comme AirBnb, Booking.com ou Abritel ? "Pour éviter de payer la commission de nos plateformes", suggère Thimothée Deroux. "Nous ne pouvons pas les obliger à réserver sur notre site, mais nous mettons en garde les consommateurs : quand quelqu’un vous appâte hors du site avec son e-mail ou son numéro de téléphone direct, c’est suspect." Il affirme également qu’une veille en amont est effectuée pour déceler les fausses annonces, par des équipes techniques et humaines, dont il refuse de nous communiquer l’effectif "pour ne pas aiguiller cette cybercriminalité sophistiquée".
"Beaucoup ne sont pas habitués à la location par Internet"
Sur la plateforme de l’association de consommateurs UFC-Que choisir, on retrouve plusieurs conseils pour éviter ces arnaques. "Copiez/collez le texte de l’annonce dans un moteur de recherche : s’il ressort sur plusieurs sites, pour différentes demeures, ce contenu est probablement frauduleux. Vous pouvez utiliser le même procédé pour les photos présentées. N’hésitez pas non plus à rechercher d’éventuelles arnaques passées en vous aidant des noms ou adresses utilisés."
Une marche à suivre peu évidente pour les moins aguerris, comme le souligne l’un des employés de l’office du tourisme d’une station balnéaire du sud-ouest de la France, dont les villas sont régulièrement prisées par les cybercriminels. "Beaucoup ne sont pas habitués à la location par Internet, ou ne sont pas familiers des technologies", explique-t-il à France 24. "Ils ne voient pas les détails que d’autres, plus chevronnés, identifient immédiatement."
Du côté de Chloé et ses amis, c’est Internet qui a finalement réussi à les sortir de cette situation inconfortable. "J’ai posté ça sur Twitter juste pour raconter l’histoire", confie la jeune femme à France 24. "On ne s’attendait pas à tant de relais mais finalement, c’est grâce à ça que Booking s’est réveillé." L’entreprise ne proposait "que des solutions pas envisageables financièrement" pour le groupe d’amis. "On est très contents de voir que ça a avancé, que l’on a été soutenus par des gens que l’on ne connaît même pas", ajoute l’un de ses amis.
Comme tant d’autres victimes, Chloé précise que la réservation s’est faite sur le site "jusqu’au paiement", effectué directement sur le compte bancaire de la pseudo-propriétaire. Cependant, elle nous explique que "le remboursement de la villa est en cours par Booking". Le groupe d’amis a trouvé un nouvel hébergement sur place par ses propres moyens, après avoir payé une nuit d’hôtel le temps de se retourner.