Madrid a annoncé l'envoi, mardi, d'un navire à Lampedusa pour récupérer les migrants à bord du bateau de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms. Plusieurs personnes se sont jetées à l'eau dans un geste désespéré pour rallier à la nage l'île italienne.
L'Espagne passe à l'action pour venir en aide aux migrants du navire Open Arms. Madrid a annoncé l'envoi, mardi 20 août, d'un navire militaire à Lampedusa pour récupérer les dizaines de personnes à bord du bateau, dont plusieurs se sont jetées à l'eau dans un geste désespéré pour rallier à la nage l'île italienne.
Stationnés depuis jeudi à quelques centaines de mètres des côtes de l'île italienne, ces migrants secourus par l'ONG Proactiva Open Arms au large de la Libye se sont vu refuser l'accès à Lampedusa par les autorités italiennes, même si six pays européens – France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne – se sont engagés à les accueillir.
Le navire espagnol, l'Audaz, partira à 17 h 00 (15 h 00 GMT) de la base de Rota, dans le sud du pays, et "naviguera pendant trois jours jusqu'à Lampedusa où il prendra en charge les personnes recueillies par l'Open Arms" afin de les amener jusqu'au port de Palma de Majorque, aux Baléares, a indiqué le gouvernement espagnol dans un communiqué.
Cette solution "permettra de résoudre cette semaine l'urgence humanitaire vécue à bord de l'Open Arms", a ajouté le gouvernement.
À bord de l'Open Arms pour certains depuis 19 jours
Les 15 migrants qui se sont jetés à la mer, certains sans gilets de sauvetage, pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage, ont été "secourus" par les garde-côtes italiens et amenés sur l'île, selon une porte-parole de l'ONG.
"La situation est hors de contrôle", a indiqué sur Twitter Proactiva dont le bateau abrite désormais un peu moins de 100 migrants alors que plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ont déjà dû être évacués.
Certains de ces migrants sont à bord de l'Open Arms depuis 19 jours, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3, fin décembre, avant leur débarquement à Malte, le 9 janvier dernier.
Face au refus de Rome de les laisser débarquer, Madrid avait fini par proposer au bateau de rejoindre Algésiras, dans l'extrême sud de l'Espagne, puis les Baléares, plus proches mais toujours distantes d'un millier de kilomètres de Lampedusa.
Proactiva Open Arms avait balayé ces deux propositions en raison des jours de mer nécessaires pour rallier ces différents ports, avant que Madrid ne propose finalement de venir prendre en charge directement les migrants à Lampedusa.
Passe d'armes entre l'Italie et l'Espagne
Le sort de ces migrants a tourné à la passe d'armes entre Madrid et Matteo Salvini, accusé de vouloir tirer profit politiquement de cette affaire en pleine crise politique à Rome, où le gouvernement populiste, torpillé par le patron du parti d'extrême droite la Ligue, a fini par tomber, mardi.
Conspuant une nouvelle fois Matteo Salvini, dont elle avait taxé la position de "honte pour l'humanité", la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a jugé que "les vies humaines ne lui importaient pas".
"Face à l'urgence humanitaire, personne ne peut détourner le regard. Nous n'allons pas le faire, contrairement à Salvini", a-t-elle encore dit.
"La fermeté est l'unique façon d'éviter à l'Italie de redevenir le camp de réfugiés de l'Europe, comme le démontre encore ces heures-ci le bateau de l'ONG espagnole des faux malades et des faux mineurs", a martelé pour sa part Matteo Salvini sur Twitter.
Avec AFP