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Depuis début juillet, le voilier Blue Panda du WWF parcourt la Méditerranée. En escale à Marseille mardi, l’ONG veut attirer l’attention de la population et des décideurs sur les dangers que représente le plastique pour l'environnement.

"La Méditerranée est au bord du burn out." L'avertissement est signé Pierre Cannet, codirecteur en intérim des programmes du WWF France. Pour sensibiliser l’opinion à ce sujet, le Fonds mondial pour la nature a affrété le voilier Blue Panda qui, depuis le début du mois de juillet, sillonne le bassin méditerranéen. Il est attendu mardi 20 août à Marseille, pour trois jours d’escale.

Le Blue Panda de @WWFFrance fait escale à #Marseille jusqu’au 23.08 ! Sensibilisation, visite du navire, animations pour enfants, signature de la pétition #StopPlasticPollution.. Venez nombreux ! pic.twitter.com/v1jL3uGQ7r

  Sunwhere (@Sunwhere_fr) August 20, 2019

"Notre voilier a une triple mission   : informer les publics sur les dangers liés au plastique, engager les décideurs sur le sujet et, enfin, un volet scientifique consistant à des prélèvements pour quantifier le problème", explique Pierre Cannet, interrogé par France   24.

À chacune de leurs escales, les équipes de WWF France mettent en place de multiples ateliers et activités sur l’usage du plastique et ses conséquences catastrophiques sur l’environnement. L’initiative semble porter ses fruits : la pétition #StopPlastique, lancée par l'association, a récolté plus de 1,3 million de signatures depuis le début de sa traversée.

La Méditerranée, une zone capitale pour la biodiversité

La mer Méditerranée est une zone clé en matière de biodiversité. Aujourd'hui, elle héberge un cinquième des espèces marines connues au niveau mondial alors qu'elle ne représente pourtant qu'à peine 1 % des eaux du globe. Mais les activités humaines – aquaculture, pêche, transport maritime, industrie gazière et pétrolière, tourisme – ainsi que les rejets massifs de plastiques – près de 600 000 tonnes par an selon l’ONG – menacent aujourd'hui ces espèces.

"La région connaît une pression très importante liée aux activités économiques, notamment l'été, avec les 200 millions de touristes. Et le phénomène devrait s'accentuer d'ici 2030", déplore Pierre Cannet.

Le credo du WWF pour faire bouger les choses réside dans ce que l'ONG appelle "les 3R" : réduire, réemployer, recycler.

"Il faut réduire la dépendance au plastique, réemployer le plastique quand on le peut en évitant les usages uniques et enfin, en dernier recours, le recycler", énumère Pierre Cannet. "Il s'agit aussi de retourner vers la consigne, d'aller vers moins de suremballage en réapprenant à privilégier les circuits courts et le respect des rythmes de saison."

En parcourant la mer Méditerranée, le WWF souhaite également obtenir l'engagement des villes côtières à lutter contre la pollution plastique et les inciter à mettre en place des actions concrètes. C'est ainsi qu'à l'occasion de l'escale à Nice le 15 août, l'association a obtenu de la part de la métropole et de son président, Christian Estrosi, la signature d'une charte pour améliorer la situation en trois ans et mettre fin aux rejets plastiques.

"Le WWF accompagnera la métropole de Nice Côte d'Azur pour opérer un diagnostic du territoire, mettre en place une stratégie pour faire face à ces pollutions et enfin la mettre en œuvre", explique le codirecteur par intérim. "Cet engagement est la concrétisation d'un travail de longue haleine. Blue Panda sert aussi de prétexte pour enclencher ce type d'engagement."

La France, mauvaise élève en matière de plastique

Cette promesse constitue une victoire pour l'ONG, qui continue son travail pour des engagements similaires de la métropole de Marseille-Aix-en-Provence et de la Corse. Et pour cause, la France constitue le plus gros producteur de déchets plastiques des 22 pays riverains de la Méditerranée, d'après une étude de juin 2019 du WWF.

"La France fait partie des plus gros producteurs de plastique au monde. Chaque année, 4,5 millions de tonnes de plastique sont produites. Trop peu sont recyclées et un quart est rejeté. Il y a une boulimie de plastique dans l'Hexagone", alerte Pierre Cannet, avant d'illustrer son propos avec l'exemple des bouteilles en plastique : "On sait qu'un million sont consommées chaque minute dans le monde. En France, on fait partie du top 6 des plus gros consommateurs de bouteilles plastiques. C'est énorme."

"Cependant, le message du   WWF, c'est que si chaque citoyen peut et doit agir, la solution face au monstre du plastique est entre les mains des gouvernements et des industries", avertit Pierre Cannet. "Alors que le G7 se réunit ce week-end à Biarritz, nous les appelons à fermement s'engager contre les pollutions plastiques."