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L'ex-président kirghiz arrêté lors d'un raid près de Bichkek

Après le premier échec d'une opération des forces spéciales pour arrêter l'ex-président du Kirghizstan Almazbek Atambaïev, accusé de corruption, les autorités ont annoncé, jeudi, son interpellation, faisant craindre un embrasement dans le pays.

Au Kirghizstan, les autorités ont annoncé, jeudi 9 août, avoir arrêté l'ex-président Almazbek Atambaïev, au deuxième jour d'un assaut des forces spéciales marqué par des violences qui font craindre un embrasement dans ce pays d'Asie centrale déjà secoué par deux révolutions en 2005 et 2010.

Un premier raid avait tourné à la bataille rangée et fait un mort et des dizaines de blessés, mercredi soir. Le lendemain après-midi, les forces de sécurité sont revenues en nombre à la résidence d'Almazbek Atambaïev, dans le village de Koï-Tach, près de la capitale Bichkek, accueillies une nouvelle fois par des centaines de partisans de l'ancien chef d'État.

L'ancien président accusé de coruption

Accusé de corruption et en conflit avec son successeur, l'ancien président a été interpellé lors d'une opération qui n'a, cette fois, pas fait de victime, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. "M. Atambaïev sera livré aux autorités compétentes afin de poursuivre les enquêtes en cours", a précisé cette source. Dans la foulée, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis jeudi soir sur la place centrale de Bichkek, près du palais présidentiel, théâtre des révolution de 2005 et 2010.

Selon un journaliste de l'AFP, certains ont lancé des pierres sur un véhicule de la police qui a fait usage de grenades assourdissantes. Le ministère de l'Intérieur a ensuite indiqué avoir dispersé "des partisans du président Atambaïev ayant agressé des civils et des journalistes".

"Acquisition illégale de terres"

Président de 2011 à 2017, Almazbek Atambaïev a été inculpé fin juin pour corruption par la justice kirghize. Son immunité en tant qu'ancien président a été levée par les députés. L'ancien chef de l'État est soupçonné d'"acquisition illégale de terres" et d'avoir fait libérer un membre d'un clan mafieux, accusations qu'il dénonce comme une manœuvre politique du nouveau président, son rival Sooronbaï Jeenbekov.

À la fin de son mandat, Almazbek Atambaïev avait réussi au prix de manœuvres politiques à imposer la candidature de Sooronbaï Jeenbekov, qui était alors son poulain, mais les relations se sont rapidement dégradées entre les deux hommes. Leur conflit personnel fait désormais craindre de graves troubles dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale en proie à de fréquentes tensions ethniques.

Une centaine de blessés

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié jeudi soir, près d'une centaine de personnes, dont au moins 24 membres des forces de sécurité, ont été blessées lors des violences. Le ministère a précisé que certains civils présentaient des blessures par balle.

Le président Jeenbekov a écourté ses vacances pour rentrer à Bichkek. Au cours d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité nationale jeudi matin, il a accusé l'ex-chef d'État d'avoir "bafoué de manière grossière" la Constitution et demandé des "mesures immédiates" pour maintenir la loi. Pour sa part, Almazbek Atambaïev, qui juge les accusations portées contre lui "absurdes", s'était dit prêt dans la nuit à "rester debout jusqu'à la fin".

Le peuple kirghiz "ne vivra jamais à genoux, ne sera jamais un troupeau de moutons, ne sera jamais l'esclave du clan dirigeant", a-t-il lancé dans une déclaration télévisée.

Avec AFP