Dès 2021, l'ex-directeur de la Canadian Opera Company prendra la tête de l'Opéra de Paris. Figure montante de la musique lyrique, cet Allemand de 45 ans a déjà une longue carrière internationale.
Après plusieurs mois de suspense, l'Opéra de Paris connaît enfin le nom de son prochain directeur. À seulement 45 ans, Alexander Neef a été désigné par le conseil des ministres, mercredi 24 juillet, au poste de directeur général de la célèbre institution. Le fruit d'un parcours fulgurant, débuté dans les années 1990.
Il prendra ses fonctions début août 2021, pour une durée de six ans, et succédera à Stéphane Lissner, en poste depuis juillet 2014.
Gérard Mortier, ancien directeur de l'Opéra de Paris, pour mentor
Diplômé en philologie latine et histoire moderne de l'université de Tübingen, en Allemagne, Alexander Neef a d'abord fait ses armes en 1992 du côté de l'administration artistique pour le Festival de Salzbourg durant deux saisons, puis à la Ruhrtriennale pendant trois ans.
L'Opéra de Paris – qui regroupe le Palais Garnier, l'Opéra Bastille et la 3e scène – , Alexander Neef le connaît bien. En 2004, Gérard Mortier, alors directeur de l'institution, le prend sous son aile et le nomme directeur de casting. Il occupera ce poste jusqu'en 2008, date à laquelle la Canadian Opera Company (COC), institution majeure du lyrique au Canada, le contacte.
À cette époque, la Canadian Opera Company est en deuil : elle vient de perdre brusquement son directeur général, Richard Bradshaw, en poste depuis plus de vingt ans. Alexander Neef prend la relève, et devient directeur général de la COC à l'âge de 34 ans. Sous son mandat se sont notamment déroulées les premières mondiales de " Pyramus and Thisbe" de Barbara Monk Feldman en 2015, et " Hadrian" de Rufus Wainwright en 2018. Depuis un an, l'Allemand était également le directeur artistique du festival lyrique de Santa Fe, au Nouveau-Mexique.
"Étant l'un des opéras les plus anciens et les plus distingués au monde, je suis inspiré par ce défi de préserver l'histoire et la tradition de ce lieu, tout en le voyant s'adapter et évoluer continuellement dans un paysage artistique et culturel en mutation rapide", a confié au sujet de l'Opéra de Paris Alexander Neef au COC. "C'est évidemment une opportunité extraordinaire qui comprend une grande responsabilité, pour laquelle je ressens une immense gratitude."
"Une exceptionnelle prévoyance"
Si son attrait pour l'international apparaît comme évident, Alexander Neef a aussi fait de la jeunesse l'une de ses priorités. En poste à la COC, il ouvre la COC Academy, un incubateur destiné aux futurs créateurs lyriques du Canada. "Alexander a fait preuve d'une exceptionnelle prévoyance en tant que directeur de la COC", confie Colleen Sexsmith, ancienne présidente du conseil de la COC. "Nous sommes certains que Paris sera très bien servi par ses nombreux talents."
En 2018, alors qu'il remporte l'Opera Canada Award, décerné par le magazine Opera Canada, il déclare : " Même s'il est important de satisfaire notre public traditionnel , il faut aller plus loin et penser au public du futur, c'est ça, le grand défi." Pari réussi, puisqu'en dix années de poste à la tête du COC, il a contribué à rajeunir le public de l'opéra canadien via une politique de billets à prix réduits pour les étudiants.
Le quadragénaire trilingue a 24 mois pour préparer sa programmation à l'Opéra de Paris, "soit plus de temps qu'auparavant", comme l'indique une source à la présidence de la République. Une tâche importante, à laquelle s'ajoute la refondation de la convention collective, mais aussi la construction d'une nouvelle salle modulable au sein de l'Opéra Bastille, prévue pour 2022. Il aura jusqu'à 2027, au moins, pour accomplir ses objectifs.