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Les États-Unis, pays le plus écologique ?

Donald Trump doit s'exprimer, lundi, à la Maison Blanche pour se vanter du "leadership des États-Unis en matière d'écologie". Le pays dispose, selon le président américain ouvertement climatosceptique, de l'eau et l'air les plus purs au monde.

Les États-Unis ont-ils vraiment le leadership en matière d’environnement ? Dans un discours attendu lundi 8 juillet à Washington, Donald Trump s’apprête à présenter son pays et son administration comme les champions en la matière.

Donald Trump en défenseur de l’environnement. L’image peut prêter à sourire au vu de ses positions ouvertement climato-sceptiques. Depuis de nombreuses années, l’ancien homme d’affaires milliardaire devenu président de la plus grande puissance économique ne cesse de remettre en question le concept de "réchauffement climatique", qu’il qualifie de "canular" au point de retirer les États-Unis des accords de Paris sur le climat en juin 2017. En dix-huit mois au pouvoir, son administration a détricoté pas moins de 80 réglementations environnementales, selon un décompte du New York Times, notamment celles visant à réduire la pollution provenant des centrales électriques et des véhicules, stimulant ainsi le développement des combustibles fossiles.

"L'air et l'eau le plus purs au monde"

Poussé par le camp républicain à donner plus de place à l'environnement d'ici la prochaine élection présidentielle en 2020, Donald Trump devrait s'exprimer à la Maison Blanche entouré de ses hommes clés, comme Andrew Wheeler, le responsable de l’Agence gouvernementale de protection de l’environnement (EPA) et la présidente du Conseil pour la qualité de l’environnement, Mary Neumayr. La Maison Blanche a également contacté des groupes de soutien pour leur demander de porter l'idée, rapporte Le Guardian.

Mais quels arguments peut-il avancer pour se prévaloir d'être le pays le plus écologique ? Les États-Unis disposent, selon lui, de l’eau et l’air les plus purs au monde. "Nous avons l’air le plus pur au monde aux États-Unis et il s’est amélioré depuis que je suis président, a-t-il déclaré le 9 juin, lors d’une visite en Irlande. Nous avons l'eau la plus propre. C’est cristallin et je dis toujours que je veux de l’eau et de l’air limpides. ... Nous établissons des records dans le respect de l’environnement".

La qualité de l'air, un record sous Obama

Pourtant, les études semblent montrer le contraire concernant la qualité de l’air. Selon une enquête menée par l’agence de presse américaine Associated Press, qui s’appuie sur les données de l’EPA publiées le mois dernier, c’est en réalité l'administration Obama (2009-2017) qui affiche des records en matière de qualité de l'air en 2016. En 2017 – soit après l’entrée en fonction de Donald Trump - le nombre de journées polluées à l'ozone et aux particules fines a augmenté de 22 % par rapport à 2014 en région métropolitaine, soit la pire année depuis 2012. De son côté, le rapport State of Global Air 2019 publié par le Health Effects Institute, un organisme à but non lucratif, classe les États-Unis au 37ème rang des pays les plus sales, sur 195 pays.

En revanche, en matière d’eau potable, Donald Trump semble être raccord avec les données scientifiques. L’Université de Yale a classé 10 pays à égalité en terme d’indice de performance environnementale pour la qualité de l’eau, parmi lesquelles figurent les États-Unis. Mais le pays ne se classe que 27e en ce qui concerne la qualité de l’environnement de manière générale, derrière des pays européens comme la Suisse (1er), mais aussi le Canada, le Japon ou encore l’Australie.

Le président américain, qui devrait avoir du mal à se vanter d’un quelconque bilan environnemental. Même en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, domaine où le pays a longtemps été leader mondial avec une réduction de plus de 10 % depuis 2005. Mais les émissions de CO2 américaines sont reparties à la hausse en 2018 (+3,47 % par rapport à 2017), selon la Energy Information Administration.

Donald Trump pourrait cependant faire quelques annonces. Toujours selon The Guardian, il pourrait vouloir débloquer des fonds pour restaurer les Everglades en Floride ou pour nettoyer les débris marins, dont une grande partie provient d'Asie. L’occasion pour lui de reprendre les arguments républicains selon lesquels les pays en développement comme la Chine contribuent actuellement beaucoup plus à la crise climatique que les États-Unis.