
La princesse Haya Bint Al-Hussein, sixième épouse de l’émir de Dubaï Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, a trouvé refuge à Londres après avoir fui la principauté. Avant elle, deux princesses de la famille avaient tenté de refaire leur vie à l’étranger.
C’est une histoire de la vie mondaine moyenne-orientale qui intéresse autant les observateurs de la diplomatie britannique que les ONG de défense des droits de l’Homme. La princesse Haya Bint Al-Hussein, sixième et plus jeune femme de l’émir de Dubaï Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, a fui la principauté il y a plusieurs mois avec ses deux enfants, pour trouver refuge à Londres.
Après un passage en Allemagne, la princesse de 45 ans s’est installée dans la maison qu’elle possède sur la très chic allée de Kensington Palace Gardens, dans le centre de la capitale britannique. Selon un proche de la famille royale, cité par le New York Times, la princesse aurait déposé une demande d’asile au Royaume-Uni et lancé une procédure de divorce.
La bataille judiciaire qui l’opposera à son puissant mari doit débuter dès la fin juillet, affirme l’agence Associated Press (AP). L’audience devrait avoir pour objet de déterminer qui aura la garde de leurs deux enfants, âgés de 7 et 11 ans.
Princesses en fuite
Mais la fuite d’Haya Bint Al-Hussein n’est pas que l’histoire d’un couple qui se déchire. La princesse est la troisième femme de la famille royale des Émirats arabes unis – dont Dubaï est la principauté la plus connue – à fuir sa famille.
Des amis de la princesse ont assuré au quotidien britannique The Daily Mail qu’elle avait quitté Dubaï après avoir appris les traitements qu’avait subis la princesse Latifa, l’une des filles de Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum.
La jeune femme avait tenté de fuir Dubaï en 2018 pour refaire sa vie aux États-Unis, avant d’être "ramenée" de force. Elle avait expliqué dans une vidéo publiée sur YouTube vouloir partir car son père la maltraitait. Des faits que Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum aurait qualifiés d'"affaires privées de famille", souligne Radha Sterling, directrice de l’ONG Detained in Dubai.
Sheikh Mohammed is a man flatly refused to cooperate with a United Nation inquiry into #PrincessLatifa, and who deems criminal allegations of physical violence, unlawful imprisonment, kidnapping, and forced drugging, to be “private family matters”.
Radha Stirling - CEO @detainedindubai ???????????????????????? (@RadhaStirling) July 3, 2019Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum aurait dissimulé la réalité de cette affaire à son épouse, lui faisant croire que Latifa avait été victime d’une escroquerie et avait dû être secourue. La princesse Haya Bint Al-Hussein se serait refugiée à Londres "par peur d'être assassinée ou ramenée de force à Dubaï", selon la presse britannique.
Dix ans avant l’affaire Latifa, une autre fille de l’émir, la princesse Shamsa Al-Maktoum, âgée de 17 ans à l’époque, avait elle aussi tenté de fuir, raconte Le Monde. L’adolescente avait profité du séjour en Angleterre de la famille pour s’échapper de l’emprise paternelle. "Rattrapée dans une rue de Cambridge par des employés de son père, l’adolescente fut ramenée de force à Dubaï, où elle mène depuis une vie de quasi-recluse", affirme le quotidien.
Le Royaume-Uni mal à l’aise
À moitié britannique par sa mère, Haya Bint Al-Hussein a des liens forts avec le Royaume-Uni. La princesse, fille de l’ancien roi Hussein de Jordanie, a étudié la philosophie et l’économie à Oxford. Et elle et son mari, réputés être proches de la reine Elizabeth ainsi que du prince Charles et de sa femme Camilla, avaient d'ailleurs l’habitude de se rendre au Royal Ascot, l’une des courses hippiques britanniques les plus célèbres.
Sa fuite met en lumière les mauvais traitements dont seraient victimes les femmes de la famille royale des Émirats arabes unis, un pays qui joue un rôle important dans l’influence britannique au Moyen-Orient.
"Le souverain de Dubaï écrit de la poésie sur son cœur brisé par le départ de sa femme la princesse Haya, mais étant donné le traitement qu’il réserve à ses deux filles détenues, il semble ne tolérer les femmes que quand elles restent confinées dans leur prison dorée", a écrit sur Twitter le directeur de Human Rights Watch.
Dubai's ruler writes poetry about his broken heart now that his wife Princess Haya has apparently left him, but given his treatment of two detained daughters, he seems to tolerate only women who stay confined within their gilded prison. https://t.co/E3EIAt1YXY pic.twitter.com/4eqEZBiul2
Kenneth Roth (@KenRoth) July 3, 2019La procédure de divorce risque d’être une autre épreuve pour la princesse et ses enfants. La loi islamique contraint les femmes à devoir surmonter de nombreux obstacles pour mettre fin à leur union. Si elle permet généralement à la mère de conserver la garde des enfants, elle donne bien souvent au père leur tutelle légale.