Après plus de trois mois de grève, Les syndicats hospitaliers et le collectif Inter-Urgences organisaient, mardi, une nouvelle manifestation à Paris, "dernière ligne droite" de la mobilisation, qui a produit des avancées jugées insatisfaisantes.
"Les soignants ne sont pas des robots": les grévistes des urgences étaient de nouveau mobilisés partout en France, mardi 2 juillet, pour "maintenir la pression" sur le gouvernement après de premières "avancées" et tenter d'étendre le mouvement à tout l'hôpital.
Après des manifestations en ordre dispersé en juin, l'intersyndicale CGT-SUD-FO et le collectif de paramédicaux Inter-Urgences ont décidé ensemble de cette journée d'actions, à laquelle l'ensemble des personnels hospitaliers étaient conviés.
À Paris, plusieurs centaines de soignants venus de toute la France sont ainsi partis à la mi-journée du ministère de l'Économie en direction de celui de la Santé, où une délégation espérait être reçue, selon une journaliste de l'AFP.
En blouses blanches ou affublés de costumes de robot en carton, les manifestants brandissaient pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire "ensemble sauvons les urgences" et "Y'a de la colère dans le cathéter", en référence à une chanson enregistrée par des infirmières des urgences de Valence et diffusée sur les réseaux sociaux.
"On ne peut plus faire notre travail comme on le devrait", a déploré l'infirmière Annelise Guillot, 37 ans, dont près de 10 aux urgences d'Avignon. "On doit faire toujours plus, avec le sourire. Mais maintenant c'est dangereux pour nous", a-t-elle jugé.
Même constat à Marseille, où près d'une cinquantaine de personnes s'étaient réunies dans la matinée devant les urgences de La Timone. "On a régulièrement une vingtaine de patients par infirmière à gérer en même temps", a expliqué à l'AFP Eléonore, infirmière inquiète de la "sécurité" des malades qui attendent parfois plusieurs heures sur des brancards.
Inédit par son ampleur et largement soutenu par la population, selon un récent sondage Odoxa, le mouvement démarré mi-mars à Paris après une série d'agressions n'a cessé de s'étendre en dépit des récentes réponses du gouvernement.
Dans les Hauts-de-France, par exemple, les personnel du CHU de Lille, de Tourcoing et Boulogne-sur-mer ont rejoint cette semaine le mouvement, après Calais, Douai ou encore Lens.
Au total, selon le collectif Inter-Urgences, 154 services étaient en grève mardi. Ils étaient 106 le 14 juin quand la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé 70 millions d'euros pour financer une prime de risque de 100 euros net mensuels pour les 30 000 personnels (hors médecins) des urgences et faciliter les recrutements dans les services en tension cet été.
"Des miettes"
La prime, entrée en vigueur lundi en vertu d'un décret paru dimanche au Journal officiel, sera désormais cumulable avec une autre dédiée aux travaux dangereux, a souligné la ministre dans un communiqué, rappelant "tenir l'engagement du gouvernement".
"Des miettes", rétorquent certains manifestants, à l'instar d'Annelise Guillot à Paris.
Les agents revendiquent 300 euros de hausse de salaires, des effectifs supplémentaires et un "moratoire" sur les fermetures de lits, a rappelé Didier Birig (FO), reconnaissant toutefois des "avancées locales" comme en Île-de-France, où d'importants moyens ont été mis sur la table pour éteindre la grève.
L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a ainsi offert de créer 230 postes dans ses 25 services d'urgences, tandis que l'Agence régionale de santé (ARS) a proposé "un contrat d'objectif +zéro brancard+ dans les couloirs" avec "une incitation financière" à la clé pour les hôpitaux concernés.
Concernant l'AP-HP, "on va dire que c'est sérieux", mais "dans le cadre donné par la ministre, qui n'est pas bon", a commenté Hugo Huon, infirmier à Lariboisière et membre du collectif Inter-Urgences.
Quoi qu'il en soit, grévistes et autorités locales devront gérer le manque de personnel accentué par les vacances d'été, la ministre de la Santé visant des services sans "trou dans les lignes de garde".
Mais la tâche s'annonce compliquée: selon une enquête pré-estivale de l'ARS francilienne, au moins 1 000 "plages de 12 heures" sont "non pourvues" en médecins - et autant en infirmières - pour juillet et août.
À Lens (Pas-de-Calais), après des démissions en cascade et en raison du manque de médecins, la situation est "invivable" et le Smur (service mobile d'urgence et de réanimation) a été contraint de "fermer complètement" le 22 juin, ce qui "risque de se reproduire" au cours de l'été, selon le délégué CGT Jean Létoquart.
Avec AFP