Alors que Hong Kong commémorait le 22e anniversaire de sa rétrocession à la Chine lundi, la police a repris le contrôle du Parlement qui avait été envahi par des manifestants. La cheffe du gouvernement a condamné une invasion "extrêmement violente".
La police anti-émeute de Hong Kong a repris, lundi 1er juillet, dans la nuit, le contrôle du parlement local, qui avait été envahi par des opposants au gouvernement pro-Pékin un peu plus tôt dans la journée. Ces derniers ont quitté le Conseil législatif (LegCo), pendant l'operation des forces de l'ordre.
L'envoyé spécial de France 24, Charles Pellegrin, relate que la police antiémeute a conduit une opération éclair : "Il a fallu à peine 20 minutes à la police pour contrôler entièrement le périmètre. Tous les manifestants ont été évacués. Le rapport de force était extrêmement favorable aux forces de l'ordre, plus d'une centaine d'officiers ont été déployés."
Pour accéder à l'enceinte, les officiers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé des manifestants. Les policiers, en nombre, équipés de casques, matraques et boucliers, ont chargé après avoir lancé des avertissements à la foule des manifestants.
Le Royaume-Uni apporte un soutien "indéfectible" aux libertés à Hong Kong
Alors que la situation est revenue au calme, mardi matin, la dirigeante de Hong Kong, Carrie Lam, dont les manifestants demandent la démission, a pris la parole lors d'une conférence de presse. Elle a salué l'opération policière, assurant que cette dernière avait fait preuve de retenue et condamné l'occupation "extrêmement violente" du Parlement.
Évoquant des évènements "bouleversants et choquants", Carrie Lam a dit espérer que la société "revienne à la normale aussi vite que possible". Elle a reconnu que la manifestation contre le projet de loi visant à autoriser les extraditions en Chine continentale s'était déroulée dans le calme avant que les protestataires ne s'en prennent au Parlement.
"Le China Daily et le Global Times ont exprimé leur désaccord (avec les manifestants)", commente notre correspondant à Pékin. "Le China Daily a rappelé que Hong Kong faisait partie de la Chine" quand "le Global Times a parlé de "tolérance zéro pour ce genre d'événements".
Le Royaume-Uni, à travers la voix du secrétaire d'État des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a exprimé son soutien "indéfectible" aux libertés à Hong Kong. Les manifestants "sont en quête de démocratie", a jugé de son côté le président américain, Donald Trump, tandis que le département d'État appelait "l'ensemble des parties à s'abstenir de toute violence".
Le drapeau de l'époque coloniale britannique déployé dans le Parlement
L'intervention de la police s'est produite plusieurs heures après l'envahissement du Parlement par un groupe, composé principalement d'étudiants casqués et masqués. Le drapeau de l'époque coloniale britannique a été déployé à l'intérieur de l'hémicycle, dont les murs ont été tagués de slogans par des manifestants. Auparavant, des dizaines de personnes masquées, pour beaucoup brandissant des boucliers de fortune, ont brisé des baies vitrées puis pénétré dans le Conseil législatif (LegCo), dont ils tentaient de forcer l'entrée depuis des heures.
Les protestataires voulaient exprimer leur colère contre le projet de loi facilitant les extraditions vers la Chine continentale, que l'exécutif hongkongais a suspendu sous la pression de la rue sans toutefois le retirer complètement.
Pour Jean François Dufour, directeur de DCA Chine , interrogé sur l'antenne de France 24, la nature de l’opération menée par les manifestants pose question : "les activistes qui se sont introduits dans le Parlement sont peu nombreux mais très déterminés et organisés. On peut se poser la question d’une opération pilotée depuis l’extérieur" pour donner une mauvaise image du mouvement. Le chroniqueur de France 24 Baptiste Fallevoz, spécialiste de la Chine, va dans le même sens, affirmant qu’il existe une possibilité d’infiltration des manifestations par le gouvernement chinois même s'il faut reconnaître " une vraie volonté de porter un combat politique du côté des manifestants " .
Les incidents ont éclaté peu avant le début d'une grande manifestation pro-démocratie organisée pour le 22e anniversaire de la rétrocession de l'ex-colonie britannique à la Chine, le 1er juillet 1997.
Le gouvernement a demandé la fin immédiate des violences, rappelant que l'examen du projet de loi contesté était suspendu. Les travaux prévus mardi au Conseil législatif ont été annulés "pour des raisons de sécurité".
Avec AFP et Reuters