Le putsch manqué du week-end dernier en Éthiopie a fait des dizaines de morts, selon un dernier bilan révélé mercredi. Les funérailles des responsables du pays assassinés ont réuni des dizaines de milliers de personnes.
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées mercredi 26 juin pour honorer les cinq hauts responsables tués samedi en Éthiopie, alors que la mémoire de l'homme soupçonné d'avoir organisé leurs assassinats a également été célébrée lors de funérailles ayant attiré des centaines de personnes.
"Nous nous souviendrons pendant des générations de ceux qui sont tombés, pour leur contribution à la région et au pays", a déclaré le vice-Premier ministre éthiopien, Demeke Mekonnen, lui-même issu de l'ethnie amhara comme la plupart des victimes, lors d'une cérémonie retransmise en direct par la télévision EBC. "Nous découvrirons les mobiles et les intérêts de ceux qui ont commis cet acte barbare", a-t-il dit, devant les cercueils du président de l'État d'Amhara, Ambachew Mekonnen, d'un de ses conseillers et du procureur général de la région.
Des dizaines de morts
Les combats lors du putsch manqué du week-end dernier en Éthiopie ont fait des dizaines de morts. Le précédent bilan faisait état de cinq morts.
Les responsables politiques ont été tués, selon les autorités, par un "commando armé" obéissant au chef de la sécurité de l'Amhara, Asaminew Tsige, un ethno-nationaliste à la rhétorique belliqueuse qui se serait trouvé sur la sellette notamment pour avoir ouvertement entrepris de former des milices ethniques.
Asaminew Tsige, tué lundi par la police alors qu'il était en fuite, est également accusé d'avoir organisé l'assassinat du chef d'état-major de l'armée nationale, Seare Mekonnen, tué samedi par son garde du corps alors qu'il menait l'opération de riposte à l'attaque de Bahir Dar, dans l'Amhara.
"Il l'a fait pour protéger les besoins"
Asaminew a été enterré mercredi en région amhara, après une cérémonie dans une des églises rupestres mondialement connues de Lalibela, sa ville natale, ont indiqué à l'AFP des témoins.
Ces derniers assurent qu'une foule importante s'est mobilisée le long des routes pour saluer le passage du cercueil, attestant de la popularité de cet homme ainsi que du programme qu'il tentait de mettre en œuvre.
"Plus de 1 000 personnes étaient aux funérailles", a affirmé à l'AFP un guide local, Taye Abebe. "Le public, et moi inclus, ne croyons pas à ce qui est dit à la télévision nationale. Nous ne croyons pas qu'il a fait cela, mais s'il l'a fait, c'est pour nous et pour le peuple". Et de poursuivre, "s'il l'a vraiment fait, il l'a fait pour protéger les besoins, les demandes et les intérêts de la région", a-t-il défendu.
Marginalisés
À Mekele, dans la région du Tigré, des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi pour honorer le chef d'état-major de l'armée nationale, ainsi qu'un général à la retraite tué alors qu'il lui rendait visite.
Les deux généraux avaient déjà été honorés mardi lors d'une cérémonie à Addis-Abeba lors de laquelle le Premier ministre réformateur, Abiy Ahmed, avait ouvertement pleuré.
Le Tigré est la région d'une minorité ethnique qui, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Abiy Ahmed, était considérée comme la plus puissante au sein de la coalition au pouvoir. Les Tigréens sont accusés d'avoir marginalisé les Oromo et les Amhara, les deux principaux groupes ethniques, pendant de nombreuses années.
Abiy Ahmed s'est efforcé depuis son entrée en fonction en avril 2018 de démocratiser le pays, légalisant des groupes dissidents et améliorant la liberté de la presse. Mais cet assouplissement a également permis une expression plus libre des tensions intercommunautaires et nationalismes ethniques.
Avec AFP et Reuters