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À Brasilia, Sarkozy espère finaliser la vente de 36 avions Rafale

Le président français est arrivé à Brasilia pour une visite d'État au cours de laquelle il espère vendre l'avion de chasse Rafale pour la première fois à l'étranger. Dimanche soir, Il a dîné avec son homologue Luiz Inacio Lula da Silva.

Le président Nicolas Sarkozy est arrivé dimanche soir à Brasilia pour une visite d'État de moins de 24 heures. Si c’est la troisième fois que les chefs d’État français et brésilien se rencontrent en tête à tête, cette visite éclair, à l’occasion de la fête nationale brésilienne, pourrait toutefois déboucher sur la vente par Paris de 36 avions Rafale.

Dimanche, le principal quotidien brésilien, "O Globo", publiait une interview du chef de l'État français. En toile de fond, l'appel d'offres lancé par le Brésil, qui cherche à acheter 36 avions de chasse. Nicolas Sarkozy y affirme, notamment, qu’"entre le Brésil et la France, il ne s'agit pas d'une relation de fournisseur à client, mais d'un partenariat".

Le Brésil, un débouché pour le Rafale ?

Ce n’est pas la première fois que le président français fait part de son désir de voir la coopération entre la France et le Brésil s'intensifier. Lors de sa dernière visite à Brasilia, en décembre dernier, il avait soutenu la candidature de Brasilia à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Quelques mois plus tôt, en février 2008, Sarkozy s'était déjà rendu dans le pays pour lancer le projet de construction d'un pont sur le fleuve Oyapock, qui sépare le Brésil de la Guyane française. Les deux dirigeants avaient alors profité de leur entrevue pour partager leur stratégie en matière de lutte contre la contrebande et l’exploitation minière illégale aux abords de la frontière.

Cette fois-ci, le Brésil envoie des signaux extrêmement encourageant en direction de Paris. Jeudi, le Sénat a approuvé un emprunt externe de 6,080 milliards d'euros pour la construction, en coopération avec la France, de cinq sous-marins, dont un nucléaire, et l'achat de 50 hélicoptères militaires.

Cinq milliards d'euros supplémentaires - selon Nicolas Sarkozy - viendraient s’ajouter à cette somme si la vente des Rafales était signée.

Un tel contrat serait le bienvenu pour Paris d’un point de vue non seulement économique mais aussi stratégique, puisqu’il permettrait à la France de partager, avec le Brésil, des informations militaires sensibles. Dans son offre, Dassault Aviation a consenti à un transfert de technologies sans précédent concernant le Rafale. Jusqu’au mois dernier en effet, Boeing, également en lice pour l'appel d’offre au même titre que Saab, ne consentait pas à partager de telles informations sur son F18.

Selon certains analystes cependant, le Brésil pourrait être plus intéressé par un développement de ses liens avec l’Europe qu’avec Paris seulement. “[La chancelière allemande Angela] Merkel a été extrêmement bien reçue au Brésil au début de cette année, rappelle à FRANCE 24 Christian Girault, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Washington est, traditionnellement, le plus grand allié de Brasilia. Mais, aujourd'hui, le Brésil cherche à diversifier ses partenaires, la crise ayant réduit le prestige des États-Unis.”

Moisson de contrats en vue

Quoi qu’il en soit, le président Luiz Inacio Lula da Silva a fait savoir, dans un entretien accordé au quotidien français "Le Monde", qu’il considérait Paris comme un partenaire stratégique.

Il a ainsi affirmé qu’entre la France, les États-Unis et la Suède - les trois pays en lice pour renouveler la flotte de l'armée de l'air brésilienne - celui “qui se sera le mieux placé pour remplir nos conditions aura la meilleure chance. Vous voyez de quel pays je veux parler”, a ajouté Lula dans un sourire, rapporte le journaliste.

“Le Brésil veut la technologie la plus récente. Plus que tout, il veut être capable de construire seul ses avions de combat, rapporte le correspondant de FRANCE 24 au Brésil, Marc Burleigh. Le Brésil se considère comme un concurrent des États-Unis, tant sur le plan politique et économique que, désormais, militaire", ajoute le journaliste.

La France, quant à elle, espère vendre le Rafale pour rehausser le prestige d'un avion dont la mise au point lui a coûté la bagatelle de 40 milliards d’euros, mais qu'elle n’a pas encore réussi à exporter. Pour l'heure, seule l’armée française en est dotée.

Nicolas Sarkozy devrait également profiter de sa visite éclair pour encourager d’autres formes de coopération économique. Outre Dassault, les représentants de plusieurs autres sociétés françaises, parmi lesquelles GDF Suez et Alstom, accompagnent le chef de l'État français au Brésil.

GDF Suez compte parmi les plus importantes entreprises du secteur de l'énergie, qui intéresse le Brésil au plus haut point depuis qu'il a découvert des champs pétroliers sur son territoire.

Le Brésil, qui cherche actuellement un partenaire pour construire une connexion ferroviaire à grande vitesse entre Rio de Janeiro et Sao Paulo, n'est pas non plus insensible aux charmes d'Alstom, le constructeur du Train à grande vitesse (TGV).