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Les autorités iraniennes et le Pentagone ont annoncé jeudi qu'un drone de l'armée américaine avait été abattu par un missile iranien. "L'Iran a fait une énorme erreur", a réagi le président Donald Trump, avant d'évoquer une possible erreur humaine.
Les Gardiens de la Révolution islamique ont communiqué très tôt, jeudi 20 juin, pour annoncer qu'un drone américain a été abattu alors qu'il venait d'entrer dans l'espace aérien iranien dans la province côtière d'Hormozgan, dans le sud du pays. "Il s'agit d'un RQ-4 Global Hawk, l'un des plus importants aux États-Unis", précise le correspondant de France 24 en Iran, Siavosh Ghazi. Aucune photo ni aucune vidéo n'a été publiée sur l'incident.
Le Pentagone a confirmé que le drone avait été abattu par un missile sol-air alors qu'il se trouvait dans l'espace aérien international au-dessus du détroit d'Ormuz. Il a précisé qu'il s'agissait d'un drone MQ-4C Triton de l'US Navy, qu'il se trouvait à 34 km des côtes iraniennes lorsqu'il a été abattu et qu'il n'avait, "à aucun moment", violé l'espace aérien iranien.
"L'Iran a fait une énorme erreur !", a réagi dans un premier temps le président des États-Unis, Donald Trump, dans un tweet laconique, avant d'affirmer dans le Bureau ovale, un peu plus tard : "Notre pays n'acceptera pas cela, je peux vous le dire."
Iran made a very big mistake!
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 20 juin 2019Interrogé sur une éventuelle réaction américaine au drone abattu, le président américain est toutefois resté évasif : "Vous verrez", a-t-il simplement répondu, avant de sembler vouloir faire baisser la tension entre Washington et Téhéran en évoquant la piste d'une erreur du côté iranien faite par quelqu'un de "stupide". "J'ai du mal à croire que cela était délibéré", a-t-il ajouté.
Une réaction s'est finalement fait connaître dans la soirée. Washington a interdit aux compagnies aériennes américaines le survol de l'espace aérien contrôlé par Téhéran au-dessus du Golfe et du Golfe d'Oman "jusqu'à nouvel ordre". Ces restrictions ont été justifiées par une "augmentation des activités militaires et la tension politique croissante dans la région, qui représentent un risque pour les opérations de l'aviation civile américaine" accompagné d'un risque d'"erreur d'identification", a rapporté l'Administration aéronautique fédérale américaine.
Le MQ-4C Triton a un temps de vol, une altitude et un rayon d'action légèrement inférieurs à ceux du RQ-4 Global Hawk. Tous deux sont conçus par Northrop Grumman.
Avant que le Pentagone ne s'exprime, un porte-parole du Commandement central de l'armée américaine avait déclaré qu'aucun drone américain n'avait survolé l'espace aérien iranien jeudi, sans fournir plus de détails.
Téhéran demande l'intervention de l'ONU
Dans une missive adressée au secrétaire général des Nations unies (ONU) et au Conseil de sécurité, l'ambassadeur iranien auprès de l'ONU, Majid Takht Ravanchi, a de son côté dénoncé une action américaine "provocatrice" et "très dangereuse" contre l'"intégrité territoriale" de Téhéran.
L'Iran souligne ne pas "chercher la guerre" mais affirme "se réserver le droit de prendre toutes mesures appropriées contre les violations de son territoire qu'il est déterminé à défendre vigoureusement au sol, en mer et dans les airs".
L'ambassadeur iranien donne sa version des faits sur cet incident. Il estime que le drone américain a mené une opération d'espionnage dans le détroit d'Ormuz et, lors de son retour, "est entré dans l'espace aérien iranien" ce qui a entraîné une riposte de la défense aérienne iranienne à son encontre.
S'abstenant de requérir une réunion en urgence du Conseil de sécurité, la lettre iranienne se conclut par une demande d'intervention de l'ONU auprès des États-Unis afin qu'ils "mettent un terme à leurs actions illégales et déstabilisatrices dans la région déjà volatile du Golfe".
Escalade de tension entre Washington et Téhéran
La tension est monté d'un cran entre l'Iran et les États-Unis depuis la semaine dernière, lorsque deux pétroliers ont été attaqués dans le golfe d'Oman, près du détroit d'Ormuz. Les États-Unis accusent les autorités iraniennes d'en être
responsables, mais Téhéran nie en bloc.
Washington a aussi imputé à Téhéran des attaques qui avaient visé le 12 mai des pétroliers au large des Émirats arabes unis, de l'autre côté du détroit d'Ormuz. Les États-Unis ont depuis annoncé l'envoi de renforts militaires dans le Golfe.
L'armée américaine a récemment accusé Téhéran d'avoir tenté d'abattre un de ses drones la semaine dernière. Elle a aussi reconnu que le mouvement yéménite Houthi, soutenu par l'Iran, en avait abattu un le 6 juin au-dessus du Yémen.
Avec Reuters et AFP