
Le quotidien américain New York Times renonce à publier, à partir de juillet, des dessins de presse dans son édition internationale. Un choix fait après la polémique suscitée par un dessin jugé antisémite du dessinateur Portugais Antonio.
La décision inquiète. Le prestigieux quotidien américain, le New York Times, a annoncé, lundi 10 juin, renoncer à publier des dessins de presse politiques dans son édition internationale.
Parmi ces dessins sur lesquels le titre de presse tirera un trait à compter du 1er juillet prochain, ceux de Patrick Chappatte, vice-président de la Fondation Cartooning for Peace.
"Nous sommes très reconnaissants envers les dessinateurs Patrick Chappatte et Hend Kim Song et leur travail pour l'édition internationale ces dernières années. Malgré tout, cela fait plus d'un an que nous réfléchissons à aligner les éditions internationales avec l'édition nationale, en mettant un terme au dessin politique quotidien ", a annoncé le responsable de la rubrique éditoriale, James Bennet, dans un communiqué relayé sur Twitter.
Our statement in response to ending daily political cartoons in the international edition of The New York Times. pic.twitter.com/FcagTxEZJ9
NYTimes Communications (@NYTimesPR) 10 juin 2019Polémique sur un dessin jugé antisémite
À l'origine de cette décision, la polémique suscitée par le dessin du Portugais Antonio Moreira Antunes, publié le 25 avril dernier, et jugé antisémite. Le dessin, mettant en scène un Donald Trump aveugle, portant une kippa et tenant en laisse le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, grimé en chien-guide portant à son cou une étoile de David, avait provoqué l'ire de nombreux lecteurs et avait été qualifiée par le président américain de "dégoûtant".
Le quotidien s'était excusé deux jours plus tard sur Twitter : "L'image était offensante, et c'était une erreur de jugement que de la publier" avait alors écrit le New York Times, précisant même l'avoir effacée de sa base d'images.
Dans une interview donnée à la chaîne de télévision américaine CNN, le dessinateur mis en cause s'était déclaré surpris par la polémique suscitée par son dessin. Expliquant avoir "le plus grand respect" pour la communauté juive, celui-ci avait tout de même exprimé que ceci ne la plaçait pas "au-dessus de toute critique".
Inquiétude quant à la liberté de la presse
Patrick Chappatte, qui collaborait avec le New York Times depuis plusieurs années, a fait part de son inquiétude après cette décision de cesser la publication de dessins de presse politiques. "Sans humour, nous sommes tous morts", a-t-il tweeté, relayant un dessin rendant hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo, abattus le 7 janvier 2015.
THE NEW YORK TIMES WILL END ALL POLITICAL CARTOONS I just learned, weeks after they published a syndicated Netanyahu cartoon that caused a scandal. For me, this is the end of an adventure that began 20 years ago. But the stakes are much higher. READ HERE: https://t.co/o8y43v88Yd pic.twitter.com/NBH0uyw9Jf
Chappatte Cartoons (@PatChappatte) 10 juin 2019Sur son blog personnel, le dessinateur a également fait part de son inquiétude quant à l'avenir de la liberté de la presse. "Le dessin de presse est né avec la démocratie", écrit-il, "Quand il est menacé, la liberté l'est aussi."
Cartooning for Peace est un réseau international de dessinateurs engagés à promouvoir, par l’universalité du dessin de presse, la liberté d’expression, les droits de l’Homme et le respect mutuel entre des populations de différentes cultures ou croyances.