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Kazakhstan : sans surprise Tokaïev élu président, des centaines d'opposants arrêtés

Adoubé par l'ancien autocrate Noursoultan Nazarbaïev, le président par intérim du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a remporté, dimanche, la présidentielle kazakhe, au terme d'une journée de manifestations marquée par des centaines d'arrestations.

Sans réelle surprise, le président par intérim du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a remporté dimanche avec 70,8 % des voix l'élection présidentielle anticipée de ce pays d'Asie centrale, selon une annonce de la Commission électorale centrale.

La victoire de ce diplomate de carrière de 66 ans, enregistrée au terme d'une journée marquée par d'importantes manifestations et plusieurs centaines d'arrestations, ne faisait guère de doute puisqu'il était soutenu par l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev, qui a démissioné en mars, après avoir dirigé sans partage le pays depuis 1991.

Son plus proche rival, Amirjan Kossanov, en a obtenu 16,2 % des voix, ce qui est le meilleur score jamais réalisé par un opposant dans une élection présidentielle kazakhe. Le taux de participation s'est établi à 77,4 %, selon la Commission électorale centrale.

"Honte ! Honte ! Honte !"

Mais ce scrutin a surtout été marqué par d'importantes manifestations à travers le pays, les protestataires appelant au boycott d'une élection qu'ils estimaient jouée d'avance. "Honte ! Honte ! Honte !" ou encore "La police de notre côté !", criaient certains manifestants à Almaty, avant que les forces de l'ordre ne dispersent le rassemblement.

Dans les deux principales villes kazakhes, la capitale Noursultan et Almaty, des journalistes de l'AFP ont été témoins de plusieurs centaines d'arrestations. Un correspondant de l'AFP a été conduit à un poste de police avant d'être libéré tandis qu'un reporter vidéo de l'AFP a vu ses équipements confisqués.

Au total, environ 500 personnes ont été conduites dans les commissariats des deux villes, selon les chiffres du vice-ministre de l'Intérieur Marat Kojaïev, qui en a rejeté la faute sur des "éléments radicaux" ayant organisé des "manifestations non autorisées".

Deux journalistes de Radio Free Europe/Radio Liberty, un média financé par les États-Unis, ont notamment été brièvement détenus par la police à Almaty (sud) et Noursultan, où un représentant de l'ONG Comité d'Helsinki a subi le même sort. Dimach Aljanov, un militant politique respecté, a également été arrêté et restait détenu dimanche soir.

Dans la continuité de Nazarbaïev

Depuis la démission de Noursoultan Nazarbaïev, le Kazakhstan est traversé par une agitation sociale rare qui a provoqué un raidissement des autorités. L'opposant le plus virulent au régime, un ancien banquier en exil, Moukhtar Abliazov, avait appelé à des manifestations dimanche.

Interrogé sur les manifestations de la journée, Kassym-Jomart Tokaïev a assuré dimanche qu'il avait demandé à la police de "faire preuve de retenue" tout en précisant que les violations de la loi "ne seraient pas tolérées".

Le nouveau président a occupé de nombreux postes au sommet de l'État kazakh, de Premier ministre à ministre des Affaires étrangères et président du Sénat, le poste qu'il occupait quand Noursoultan Nazarbaïev a annoncé son départ.

Au cours de sa campagne, il a promis de se placer dans la continuité de l’ancien chef de l’État, qui conservé des fonctions clé dans le système politique kazakh . L'une de ses premières décisions en tant que président par intérim avait d'ailleurs été de renommer la capitale, Astana, "Noursultan", du nom de son prédécesseur.

S'il a remporté son pari, au terme d'une campagne où il a pu bénéficier du soutien de tout l'appareil d'État, il ne réitère cependant pas les scores stratosphériques de son prédécesseur. En 2015, pour son cinquième et dernier mandat, Noursoultan Nazarbaïev avait obtenu presque 98 % des voix et le taux de participation était de 95 %.

Ces élections n'ont jamais été reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux et il est peu probable qu'il en aille autrement pour celle-ci.

Avec AFP