Au moins quatre personnes ont été tuées dimanche au premier jour du mouvement de "désobéissance civile", lancé à partir de dimanche par les porte-drapeaux de la contestation pour faire pression sur l'armée au pouvoir.
En réponse à la répression brutale de l'armée au pouvoir cette semaine et au lendemain de la visite à Khartoum du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, les chefs de la contestation au Soudan ont appelé samedi à la "désobéissance civile".
Selon le Comité central des médecins soudanais, proche des manifestants, quatre personnes ont été tuées lors du premier jour de ce nouveau mouvement, dimanche 9 juin. Deux d’entre elles ont été tuées par balles à Khartoum, et la ville voisine d'Omdourman, tandis que les deux autres ont été "battues et poignardées" et sont mortes dans un hôpital d'Omdourman, a indiqué ce comité de médecins dans des communiqués distincts.
Ces nouvelles victimes font monter le bilan total, depuis le déclenchement des violentes répressions du 3 juin, à 118 morts, ajoute le comité.
L'Association des professionnels soudanais (SPA), acteur majeur de l’opposition civile, a indiqué dans un communiqué que ce mouvement commencerait dimanche et ne se terminerait "que lorsqu'un gouvernement civil aura été annoncé".
Pour la SPA, la désobéissance civile constitue "un acte pacifique, capable de mettre à genoux le plus puissant arsenal d'armes au monde". La forme que prendra cette "désobéissance civile" n'a pas été précisée, alors que les rues de Khartoum sont quasi désertes depuis lundi en raison de la répression.
Une ville fantôme
Samedi encore, les rideaux de fer de la plupart des magasins étaient baissés dans la capitale soudanaise en ce dernier jour de vacances de la fête musulmane du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan. Si la circulation avait légèrement repris, peu de piétons étaient visibles dans les rues.
Des barricades de briques coupaient certaines routes des quartiers de Bahri et Burri, deux hauts lieux de la contestation à Khartoum. Elles ont été érigées par les manifestants pour notamment, disent-ils, se protéger des forces de sécurité.
Dans d'autres rues, ces barrières de fortune étaient retirées à la main, brique par brique, par des soldats de l'armée régulière et par des hommes des Forces de soutien rapide (RSF).
Ces paramilitaires sont accusés par la contestation d'être les principaux auteurs de la répression du mouvement depuis le 3 juin.
Dans ce contexte de tension accrue, trois membres de la contestation ont été interpellés par "des hommes armés" après avoir rencontré le Premier ministre éthiopien.
Avec AFP