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Débarquement : "Derrière les hommages aux soldats alliés, la trahison de leurs idéaux"

À la une de la presse, ce jeudi 6 juin, les commémorations du Débarquement des Alliés du 6 juin 1944, au Royaume-Uni et en France.

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À la une de la presse, les commémorations, au Royaume-Uni et en France, du 75e anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944.

"Thank you, on behalf of the free world" – "Au nom du monde libre, merci", telle est la une du Daily Mirror, ce jeudi, avec la photo du vétéran Reg Charles, 96 ans. Le quotidien reprend aussi les mots simples de la reine Elizabeth pour les soldats du Débarquement et un extrait du discours qu’elle a prononcé la veille à Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, là-même où s'était rassemblée une partie de l'armada alliée avant le Débarquement en Normandie. Une cérémonie à laquelle ont assisté, notamment, les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Donald Trump, ainsi que les Premiers ministres canadien et australien, Justin Trudeau et Scott Morrison. "Nous n'oublierons jamais l'héroïsme, le courage et le sacrifice de ceux qui ont perdu la vie", a promis la souveraine britannique.

75 ans après, le vétéran Matthew Toner, photographié pour The Daily Express sur une plage de Normandie, se souvient de ce que fut pour lui le jour du débarquement : "Aujourd’hui cette plage est belle, mais il y a 75 ans, c’était l’enfer sur terre".

Donald Trump, lui, a lu la prière du président Roosevelt du 6 juin 1944. Fidèle à ses habitudes, le président américain a aussi beaucoup commenté son séjour sur Twitter, en reprenant notamment les commentaires très louangeurs de sa chaîne préférée, Fox News, à propos… de lui-même. Cette attitude laisse perplexe The Washington Post, qui juge nécessaire de rappeler que s’il est un événement symbolisant ces grandes causes plus importantes que l’ego, c’est bien le Débarquement allié... Le narcissisme de Donald Trump, sa vision du monde donnent aussi le blues à Peter Brookes, qui souligne dans un dessin publié par The Times, le décalage entre les GI, dont la devise était "On avec vous", et le locataire de la Maison Blanche, dont le slogan est "l’Amérique d’abord".

Si le président américain occupe le devant de la scène médiatique, son homologue russe, Vladimir Poutine, brille, lui, par son absence, Moscou appelant à ne pas "exagérer" l'importance du Débarquement et dénonçant même une "réécriture catastrophique de l’Histoire". Steve Bell n’a pas oublié le rôle des soldats russes dans la victoire des Alliés et la paix en Europe. "Ne nous oubliez pas une nouvelle fois", demande un soldat de l’Armée rouge, dans son dessin publié par The Guardian.

Après le Royaume-Uni, les commémorations se poursuivent ce jeudi en France. "Le matin de la liberté" fait la une du Figaro, qui a choisi une photo de l’un des grands témoins du Débarquement, le photographe Robert Capa. "L’opération Overlord est restée dans les mémoires par son ampleur exceptionnelle et par son caractère déterminant dans la victoire sur le IIIe Reich", écrit le journal.

Comme au Royaume-Uni, les cérémonies en France seront marquées par l’hommage aux soldats du Débarquement, d’après Ouest France – qui montre à la une la réunion, mercredi, de vétérans et de soldats américains à Carentan, dans la Manche. Carentan, où s’est de nouveau posé, 75 ans après, le vétéran américain Tom Rice, 97 ans. "Un beau vol, un beau saut, tout était parfait !", a déclaré l’ancien parachutiste de la 101e division aéroportée américaine, après ce nouvel atterrissage. "Encore merci !", salue La Presse de la Manche.

Tout comme au Royaume-Uni, la présence de Donald Trump à ces commémorations risque que faire quelques vagues. "Comme on se retrouve", ironise Le Parisien, en évoquant la fin de la "bromance", de l’amitié affichée à leurs débuts entre Emmanuel Macron et Donald Trump, dont les liaisons sont désormais plutôt "orageuses". Les cérémonies d’aujourd’hui permettront-elles de "retricoter" le lien entre l’Élysée et la Maison Blanche ?, s’interroge le journal.

Le Monde, évoque aussi "la fin des illusions" entre les présidents français et américain et rapporte que le petit chêne, planté par les deux dirigeants sur la pelouse de la Maison Blanche, l’année dernière, est mort... La quarantaine phytosanitaire imposée après sa très médiatique plantation lui aurait été fatale – une triste fin dans laquelle le journal dit voir la "métaphore" d’une relation franco-américaine qui ne serait plus "ce qu’elle a été".

Enfin, Libération évoque "l’amer paradoxe" incarné, selon le journal, par la présence de Donald Trump, mais aussi celle de la Première ministre britannique, Theresa May, dont une partie des compatriotes veut désormais quitter l’Union européenne. "C’est maintenant l’hypocrisie qui domine les cérémonies de 2019, assène le journal : les gouvernements américain et britannique ont en fait tourné le dos aux principes hérités de l’après-guerre. Derrière les hommages convenus à l’héroïsme des soldats du 6-Juin se profile la pure et simple trahison de leurs idéaux".

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