Le président du Sénat, Gérard Larcher, a réuni, mardi, plusieurs figures de la droite et du centre pour "reconstruire un projet" alors que les Républicains traversent une crise existentielle après la débâcle au scrutin des européennes.
"Reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre". C'est l'objectif affiché par Gérard Larcher, le président du Sénat, après la déroute des Républicains lors des élections européennes et la démission de Laurent Wauquiez de la présidence du parti. Mardi 4 juin, il a réuni plusieurs hiérarques de sa famille politique pour initier un "chantier de reconstruction", alors qu'un débat s'installe au sein des Républicains (LR) sur le calendrier de sortie de crise.
Écartant toute ambition personnelle, Gérard Larcher, plus haut personnage de droite dans l'ordre protocolaire de l'État; a expliqué vouloir bâtir un projet qui serait "l'émanation de la diversité et de la richesse de nos territoires, de nos élus et de nos mouvements politiques".
Dans un hôtel proche de la tour Eiffel, le président du Sénat a rassemblé les présidents des groupes parlementaires LR Christian Jacob (Assemblée) et Bruno Retailleau (Sénat) ainsi que des groupes centristes Philippe Vigier (Libertés et Territoires, Assemblée) et Hervé Marseille (Union centriste, Sénat). Gérard Larcher a également convié les patrons des trois grandes associations d'élus François Baroin (maires, LR), Dominique Bussereau (départements, ex-LR) et Hervé Morin (régions, Centristes) ainsi que les présidents de régions issus de la droite et du centre, dont Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez.
Le président du groupe UDI-Agir-Indépendants, Jean-Christophe Lagarde, n'a pas donné suite à l'invitation. "À ce jour, malgré le départ de la présidence de LR de Laurent Wauquiez, la ligne politique définie jusqu'à présent n'est pas remise en cause", a-t-il écrit à Gérard Larcher, dans une lettre dont l'AFP a eu connaissance.
Un absent de marque : Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France, qui avait quitté LR en décembre 2017 au lendemain de l'élection de Laurent Wauquiez, devrait cependant rencontrer le président du Sénat dans la journée de mercredi.
De multiples débats à trancher
Mardi matin, le président par intérim de LR, Jean Leonetti, a déclaré souhaiter organiser une élection du nouveau patron du parti en septembre-octobre. Le maire d'Antibes, qui ne sera pas lui-même candidat, s'est également montré sceptique sur l'idée d'une direction collégiale transitoire dans laquelle "on ne sait plus qui fait quoi".
Interrogée par l'AFP, Annie Genevard, secrétaire générale de LR, a au contraire jugé qu'"il serait préférable que cette élection ait lieu après les municipales" de mars 2020, "compte tenu de la fragilité de notre parti". Dans l'intervalle, elle est favorable à une direction collégiale pour "trouver les voies de la concorde", à condition que "cette démarche soit consentie par tous".
Le débat sur le calendrier promet d'agiter LR pendant les prochains jours. Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée, a présenté l'hypothèse d'une élection en août comme "majoritairement écartée". Reste selon lui deux options : une élection à l'automne, ou bien après les municipales. "Les deux se défendent", a-t-il estimé.
Christian Jacob a par ailleurs assuré de la "volonté d'unité" qui traverse le groupe LR, alors que quelques députés menaçaient la semaine dernière de faire scission.
L'initiative de Gérard Larcher, par ailleurs, n'épuise pas le débat interne au sein des Républicains. "Nécessaire mais pas suffisante", "elle a la vertu de tenter de stopper le risque d'hémorragie de départs de certains élus. Mais garder les élus est une chose, reconquérir les électeurs en est une autre", a fait valoir le secrétaire général délégué de LR, Geoffroy Didier.
Autre secrétaire général délégué, Guillaume Larrivé a jugé "nécessaire" que le futur patron du parti "ne soit pas candidat(e) à l'élection présidentielle" pour mieux "accompagner la reconstruction" du parti.
"Faire croire aux gens qu'un président de parti doit renoncer à ses ambitions présidentielles (...) me semble un peu farfelu", a estimé à l'inverse sur franceinfo le vice-président de LR Guillaume Peltier, cité parmi les possibles candidats pour succéder à Laurent Wauquiez.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, très critique de la ligne Wauquiez, a de son côté souhaité que LR soit "prêt si besoin à exercer des responsabilités gouvernementales" avec la majorité. Une position minoritaire au sein des Républicains.
Avec AFP