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Les critiques pleuvent sur l'Otan après le raid meurtrier

Paris estime que le bombardement meurtrier des forces de l'Otan qui a fait de nombreuses victimes civiles a constitué "une grosse erreur". Londres demande, de son côté, une enquête. Seule l'Allemagne a défendu cette opération.

AFP - Les chefs de la diplomatie français et luxembourgeois ont ouvertement critiqué samedi le bombardement de l'Otan la veille en Afghanistan qui aurait fait jusqu'à 90 morts, alors que l'Allemagne, dont un officier a donné l'ordre de tir, a au contraire défendu l'opération.

"C'est une grosse erreur", a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner aux journalistes, à propos de la frappe, en arrivant à une réunion avec ses homologues de l'Union européenne à Stockholm.

Interrogé sur le point de savoir qui était à son avis responsable, il a répondu: "je ne sais pas (...) Nous devons éviter cela, nous devons enquêter et dénoncer les responsabilités".

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, a aussi dénoncé le bombardement en Afghanistan.

"Je ne comprends pas que des bombes puissent être ainsi larguées aussi facilement et rapidement", a-t-il déploré devant la presse. "Il doit bien y avoir aussi à l'Otan des règles" en la matière, a-t-il ajouté.

"Même s'il n'y avait qu'un civil sur place, cette opération n'aurait pas dû avoir lieu", a-t-il ajouté.

Déjà la veille, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, avait demandé une enquête urgente sur le bombardement pour "que nous nous assurions que cela ne se reproduise pas".

Il avait jugé que de tels incidents rendaient "plus difficiles" les efforts pour convaincre la population afghane de soutenir l'action de la coalition internationale sur place.

Les avions de l'Otan, sur la requête d'un officier allemand, ont bombardé vendredi deux camions-citernes d'essence destinés aux forces internationales volés jeudi soir dans une embuscade tendue par des talibans.

Jusqu'à 90 personnes ont été tuées dans cette attaque, selon les autorités locales, dont des civils.

Le ministre allemand de la Défense Franz Josef Jung a défendu l'opération samedi.

"Quand à six kilomètres de nous, des talibans prennent deux citernes d'essence, cela signifie un grand danger pour nous", a-t-il déclaré au site internet du quotidien Bild.

Le président afghan Hamid Karzaï a estimé pour sa part que "viser des civils de quelque manière que ce soit est inacceptable".