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Mondial-2019 : "Les femmes doivent s'approprier le football"

Pour le dernier match de préparation des Bleues avant le Mondial, plus de 10 000 spectateurs s'étaient rassemblés vendredi à Créteil pour soutenir leur équipe face à la Chine. À une semaine de la compétition, l'engouement pour les Françaises monte.

À l’entrée du stade Dominique Duvauchelle de Créteil, peu avant la rencontre amicale entre les équipes féminines de football de la France et de la Chine, Olivier, Laeticia et Eléa arborent fièrement le drapeau tricolore. "On a sorti la panoplie   ! Le maquillage et tout   !", lance la mère de famille avec enthousiasme. "C’est bientôt le mondial qui commence. C’était normal que l’on vienne. On a bien suivi celui des hommes l’an dernier", ajoute le père. "Comme cela se déroule en France, on a vraiment l’opportunité de suivre les filles."

À une semaine du début de la Coupe du monde féminine qui se déroule du 7   juin au 7   juillet dans l’Hexagone, beaucoup sont venus en famille pour assister au dernier match de préparation des Françaises avant leur entrée dans la compétition. Parents, enfants… Tous sont aux couleurs des Bleues.

"Nous sommes avec notre fille Luna qui s’est mise au foot à la rentrée. Elle a 9   ans", explique Jack. "Je suis un grand fan du PSG et de l’équipe de France. Elle me voyait regarder les matches. Nous allons pouvoir suivre la compétition en famille", précise ce papa supporter. À ses côtés, son épouse Sandra se réjouit aussi que ce mondial se déroule à domicile. Depuis peu, elle a observé un changement notable vis-à-vis du football féminin   : "Il y a quelques années, on n’en parlait même pas. Alors qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de publicité. Nous avons été dans un fast-food et il proposait même un jeu de 7 familles en cadeau avec les joueuses de l’équipe de France ! Avant, c’était impensable".

Un boom des licenciées

Une médiatisation qui n’a pas non plus échappé à Yannick et Anaïs. La mère et la fille n’auraient manqué pour rien au monde cette dernière rencontre amicale. Anaïs, 14   ans, joue depuis six ans au football   : "J’ai déjà assisté à plusieurs matches des Bleues. C’était évident que nous allions venir ce soir. Mais les garçons, par contre, on les aurait regardés à la télé", note-t-elle avec humour. Pour sa mère, la passion est toute aussi forte   : "J’aime leur technique, leur vitesse. Je trouve que c’est beau. J’aurais bien voulu jouer moi aussi, mais à l’époque, on ne pouvait pas le faire. Je suis contente de voir ma fille faire du foot".  

Depuis le sacre de l’équipe de France masculine en Russie en 2018, le nombre de joueuses ne cessent d’augmenter. La Fédération française a vu une hausse de 15   % du nombre de licenciées (170   000 dont 130   000 joueuses). Un an après la seconde étoile remportée par les hommes de Didier Deschamps, leurs homologues féminines profitent de cet engouement. Pour preuve   : d ans les allées du stade de Créteil, elles sont nombreuses à porter des maillots de l’équipe de France, mais aussi de leurs propres clubs. Les joueuses de l’association sportive Jeanne d’Arc, de Drancy, sont venues en groupe avec leur entraîneuse. Elles ont pour modèle Eugénie Le Sommer, Amandine Henry ou encore Amel Majri. "Ce sont nos joueuses préférées. Elles ont réussi à être dans l’équipe de France. C’est notre rêve aussi", résume avec détermination Chirine du haut de ses 11   ans.

"Lutter contre les stéréotypes"

À quelques mètres de là, Nadia et son amie Véronique sont heureuses de voir autant de jeunes filles enfoncer les barrières d’un monde qui est pendant trop longtemps rester exclusivement masculin. "Il faut que les filles s’approprient le football", insiste Nadine. Cette "féministe convaincue" qui porte un badge avec le portrait de Simone de Beauvoir au revers de sa veste est venue voir le match pour faire bouger les lignes. "J’habite à Créteil, mais c’est la première fois que je viens dans ce stade. C’est important d’être là, car il faut soutenir les femmes", explique-t-elle. Elle espère que la médiatisation autour du mondial va permettre de changer les mentalités. Dans un quartier de sa ville, elle va participer à sa façon à la compétition en organisant une exposition présentant des photos de joueuses du club local   : "Nous allons inviter des classes et susciter des échanges pour lutter contre les stéréotypes. Il faut plus de mixité   !"

À quelques jours du coup d’envoi du mondial, des signes positifs vont dans ce sens. Les Bleues n’ont pas que des supportrices et comptent aussi de nombreux fans masculins, à l’image de Patrice. "Je suis le football féminin. Elles jouent bien. Elles ont de la tactique et elles se donnent vraiment à fond derrière le ballon. Il y a de l’intensité", note-t-il. "Il faut vraiment venir voir un match… Cela joue, contrairement à ce que pensent certains   !"

Pour donner le meilleur d’elles-mêmes, les Bleues peuvent désormais compter sur leur propre club de supporters   : France Ang’elles, la première association consacrée uniquement aux équipes de France féminines. Venus des quatre coins du pays, ces mordus du ballon rond, hommes et femmes confondus, ont décidé de combler un vide. "Avant l’Euro-2017, il n’y avait rien du tout pour elles. Elles ont aussi besoin de notre soutien", décrit Dominique. Pendant un mois, ces supporters vont suivre l’équipe de Corinne Diacre en espérant se rendre à Lyon le 7   juillet pour la finale. "Sur le papier, on a tout pour gagner   !", s’enflamme Françoise, membre de France Ang’elles.

Mais la route sera longue. Les Françaises ont toutefois été rassurées face à la Chine, malgré l’absence pour blessure de trois de leurs cadres, la capitaine Amandine Henry, l’attaquante Eugénie Le Sommer et la milieu de terrain Amel Majri. Les Bleues ont assuré l’essentiel en décrochant une victoire sur le score de 2 à 1.

Les hymnes avant le début de ce dernier match amical. #FRACHI pic.twitter.com/ShqrKzhwvj

  Stéphanie Trouillard (@Stbslam) 31 mai 2019