logo

Nouvelles poursuites contre Julian Assange en vertu des lois sur l'espionnage aux États-Unis

La justice américaine a annoncé jeudi 17 nouveaux chefs d'inculpation en vertu des lois anti-espionnage contre le fondateur de WikiLeaks Julian Assange. Les défenseurs de la liberté de la presse s'insurgent.

La justice américaine a invoqué des lois anti-espionnage pour inculper à nouveau, jeudi 23 mai, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, actuellement détenu à Londres et visé par une procédure d'extradition vers les États-Unis.

Les États-Unis reprochent à l'Australien d'avoir mis en danger certaines de leurs sources lors de la publication, en 2010 par WikiLeaks, d'une somme colossale de documents militaires et diplomatiques. Ils l’accusent aussi d'avoir "comploté" avec l'ex-analyste militaire Chelsea Manning, à l'origine de cette fuite sans précédent.

Julian Assange, 47 ans, est soupçonné d'avoir "aidé" et "incité" le soldat Manning "à obtenir des informations confidentielles en sachant qu'elles pouvaient être utilisées au détriment des États-Unis et à l'avantage d'une nation étrangère", a déclaré le ministère de la Justice, en révélant 17 nouveaux chefs d'inculpation.

"Une menace directe à la liberté de la presse"

"C'est de la folie", a instantanément réagi l'organisation Wikileaks sur Twitter. "C'est la fin du journalisme sur les sujets de sécurité nationale et la fin du premier amendement [de la Constitution américaine qui garantit la liberté d'expression]", a-t-elle ajouté.

This is madness. It is the end of national security journalism and the first amendment. https://t.co/wlhsmsenFw

  WikiLeaks (@wikileaks) 23 mai 2019

Dans un communiqué diffusé plus tard, elle a dénoncé "une attaque sans précédent contre la presse libre mondiale [et une] application extraterritoriale du doit américain", arguant que "les crimes présumés ont été commis hors des États-Unis".

Cette inculpation "pose une menace directe à la liberté de la presse et au journalisme d'investigation", a renchéri Reporters sans frontières (RSF), tandis que l'organisation Freedom of the Press évoquait "un grand danger pour les journalistes".

"Le ministère prend au sérieux le rôle des journalistes dans notre démocratie, mais Julian Assange n'est pas un journaliste", a rétorqué lors d'une conférence de presse John Demers, responsable américain des questions de sécurité nationale au ministère de la Justice. "Aucun journaliste responsable ne publierait sciemment les noms de sources confidentielles en zones de guerre, sachant que cela les exposerait au plus grand danger", a-t-il justifié.

Des décennies de prison possibles

En 2018, un grand jury avait inculpé Julian Assange dans le plus grand secret pour association de malfaiteurs en vue de réaliser un "piratage informatique", une peine passible de cinq ans de prison. Concrètement, les États-Unis lui reprochaient seulement d'avoir proposé à Chelsea Manning de l'aider à obtenir un mot de passe du ministère de la Défense.

Mais le grand jury ne s'est pas arrêté là. En mars 2019, il a convoqué Chelsea Manning, libérée après sept ans de prison, pour l'interroger sur Julian Assange. L'ancien soldat Bradley Manning, devenue femme lors de sa détention, a refusé de répondre, critiquant une procédure "opaque" et peu démocratique. Accusée "d'entrave" au bon fonctionnement de la justice, cette icône des personnes transgenres a été renvoyée derrière les barreaux.

Le grand jury ayant atteint la fin de son mandat, un nouveau collectif de citoyens a été tiré au sort pour poursuivre l'enquête. C'est lui qui vient de procéder aux nouvelles inculpations. Les nouveaux chefs d'accusation peuvent entraîner des peines de dix ans de prison chacun.

Par ailleurs, la justice suédoise a rouvert des poursuites pour viol à l'encontre de Julian Assange, qui nie toute agression.

Avec AFP