
Le projet controversé de mine d'or géante au cœur de la forêt guyanaise, connu sous le nom de Montagne d'or, ne se fera pas, ont affirmé plusieurs ministres jeudi. Les associations environnementales restent cependant sceptiques.
Le gouvernement a rejeté jeudi 23 mai le très controversé projet industriel d'extraction aurifère Montagne d'or, point de crispation en Guyane entre les partisans d'un développement économique du territoire et les associations environnementales qui restent sceptiques.
À l'issue du premier "Conseil de défense écologique" et à trois jours des élections européennes, le Premier ministre Édouard Philippe et son ministre de l'Environnement, François de Rugy, ont confirmé l'abandon du projet, le jugeant "incompatible avec les exigences de protection de l'environnement".
Emmanuel Macron l'avait déjà dit, mais jeudi le gouvernement a été plus catégorique : "Le projet ne se fera pas." Il "n'est pas soutenu par le gouvernement", a assuré le ministre aux journalistes qui lui demandaient de clarifier sa position. L'ancien ministre Nicolas Hulot avait fait état de ses réticences sur ce projet, tout comme la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
La Compagnie Montagne d'or a annoncé prendre "acte", sans abandonner la bataille. Elle a réaffirmé "sa volonté de mener un dialogue ouvert et constructif avec l'ensemble des parties prenantes en vue de rendre ce projet en Guyane compatible avec les exigences de protection environnementale".
"L'enfumage continue"
Montagne d'or, porté par un consortium russo-canadien, Nordgold-Columbus Gold, est le plus grand projet d'extraction d'or primaire jamais proposé en France. D'une superficie de 8 km2, il prévoit notamment une fosse de 100 hectares, pour une exploitation sur 12 ans de 6,7 tonnes d'or par an, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, en forêt équatoriale, via un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé.
Les déclarations gouvernementales ont cependant provoqué le scepticisme des opposants au projet : "Ces annonces répétées semblent indiquer que le projet ne se fera pas mais le WWF France regrette que face à tant d'unanimité et de bon sens, le gouvernement n'ait toujours pas formellement et définitivement acté son abandon", a dit dans un tweet l'association environnementale.
Pour Or de question, qui regroupe les associations environnementales opposées au projet, "l'enfumage continue". Le collectif, qui réclame "l'abandon définitif de tous les projets industriels miniers en cours", craint que "ces déclarations ne laissent la possibilité à la compagnie minière, voyant la porte fermée, de rentrer par la fenêtre en modifiant son projet".
Avec AFP