Emprisonnés depuis plus d'un an, Oriol Junqueras, Jordi Sanchez, Jordi Turull, Josep Rull, élus députés, et Raül Romeva, élu sénateur lors des élections générales du 28 avril, ont été autorisés à quitter la prison pour prêter serment mardi.
C'est une permission "exceptionnelle" qui leur a été accordée par la Cour suprême. Emprisonnés depuis un an, Oriol Junqueras, Jordi Sanchez, Jordi Turull, Josep Rull et Raül Romeva, élus députés ou sénateurs lors des élections régionales du 28 avril, ont été autorisés à quitter quelques heures la prison, mardi 21 mai, pour prêter serment lors de la session inaugurale du Parlement espagnol.
Emprisonnés non loin de Madrid, ils sont arrivés aux Cortes dans des véhicules de la Garde civile pour assister à la session inaugurale du Parlement. Ils ont par la suite promis de respecter la Constitution espagnole, qu'ils sont accusés d'avoir violée dans leur marche vers l'indépendance. Il est reproché à ces leaders indépendantistes catalans d'avoir tenté de faire sécession de l'Espagne en octobre 2017.
"Fidèle à mon engagement républicain, en tant que prisonnier politique et par obligation légale, oui je promets" de respecter la Constitution, a notamment déclaré Oriol Junqueras, ancien vice-président du gouvernement régional catalan et président du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Candidat aux éléctions européennes dimanche, il encourt 25 ans de prison.
Avant lui, Raül Romeva avait promis au Sénat de respecter la Constitution "par obligation légale et comme prisonnier politique, jusqu'à la proclamation de la République catalane".
Cette formule, utilisée par les partis nationalistes basques et catalans pour prêter serment avec des réserves, a longtemps été tolérée par le Parlement. Mardi, les partis de droite ont manifesté leur indignation et réclamé qu'il soit mis fin à cette tolérance.
Quid des autres sessions parlementaires ?
Depuis 2017, les séparatistes placent en tête de liste leurs dirigeants en détention ou exilés, comme l'ancien président régional Carles Puigdemont, pour dénoncer leur situation ou tenter de les faire libérer.
La Cour suprême a toutefois refusé de mettre fin à leur détention provisoire comme le réclamaient les avocats des cinq indépendantistes, estimant que leurs droits à la liberté d'expression et d'opinion n'étaient pas compromis. Elle ne s'est pas prononcée explicitement sur la possibilité d'accorder d'autres permissions pour assister aux sessions parlementaires.
Leur éventuelle absence pourrait avoir de lourdes conséquences politiques pour Pedro Sanchez, qui a remporté les élections sans majorité absolue. Si les députés indépendantistes en détention ne peuvent pas voter le jour de son investiture, leur vote sera alors assimilé à une abstention, ce qui abaissera automatiquement le seuil de la majorité. Pedro Sanchez n'aura alors pas besoin des partis séparatistes catalans pour être réélu à la tête du gouvernement espagnol.
Pedro Sanchez, qui a renversé en juin 2018 le conservateur Mariano Rajoy, parie sur le "dialogue" avec les Catalans malgré les difficultés. La droite continue elle de tirer à boulets rouges sur ses tentatives de rapprochement, réclamant la suspension de l'autonomie de la Catalogne, toujours dirigée par les séparatistes.
Recours du PP et de Ciudadanos
Ces derniers, qui considèrent leurs dirigeants emprisonnés comme des "prisonniers politiques", soufflent le chaud et le froid. ERC se dit ouvert à négocier mais persiste à réclamer un référendum d'autodétermination, condition inacceptable pour Madrid.
Les conservateurs du Parti populaire (PP) et les libéraux de Ciudadanos ont annoncé leur intention de déposer des recours pour priver les indépendantistes de leur siège. "La démocratie espagnole doit aussi être défendue hors des tribunaux face à ceux qui veulent en finir avec elle", a justifié le leader du PP, Pablo Casado.
Les deux chambres seront chargées de trancher la question de l'éventuelle suspension de ces cinq élus actuellement jugés et incarcérés.
Avec AFP