
Au lendemain du meurtre du documentariste français Christian Poveda au Salvador, un suspect a été arrêté. Le procureur général évoque une possible implication des gangs sur lesquels le photo-reporter travaillait.
La police du Salvador a annoncé qu’une personne suspectée du meurtre de Christian Poveda a été arrêtée, jeudi. Le réalisateur et photographe français d’origine espagnole a été abattu mercredi dans une banlieue de la capitale, San Salvador, contrôlée par des gangs, des "maras" composés de jeunes ultra-violents, qui n’ont cessé de se multiplier dans le pays ces dernières années.
"Une personne est actuellement détenue. Nous enquêtons sur sa possible implication dans l’affaire", a déclaré à la presse le chef de la police nationale, Carlos Asciencio.
Selon le rapport des autorités, il semble peu probable que le mobile du meurtre de Christian Poveda, 54 ans, tué de quatre balles, soit le simple vol crapuleux. Sa jeep et son matériel ont, en effet, été retrouvés à proximité de la scène du crime.
Christian Poveda, qui vivait au Salvador depuis six ans, a consacré les dernières années de sa vie à des travaux sur les gangs du pays. Son film "La Vida Loca" (La vie folle), qui sortira le 30 septembre en Europe, montre le quotidien des Mara 18, un gang de jeunes tatoués sur tout le corps qui ont fait du trafic de drogue et de l’extorsion de fonds leur gagne-pain.
En juin dernier, le réalisateur décrivait ses conditions de travail au micro de FRANCE 24 : "J’ai passé 16 mois avec les Mara 18. Je les ai filmés presque tous les jours. J’espère avoir capturé la complexité de leur situation."
Yves Jeanneau, le président du festival "Sunny Side of the Doc", le marché International du film documentaire qui se tient à La Rochelle, et ami de longue date du documentariste, pleure "quelqu’un de rare". "C’est une immense perte pour le monde du documentaire. Ses œuvres étaient importantes et rares", explique-t-il à FRANCE 24.
Dans son œuvre, Poveda met en parallèle la violence de ces gangs et l’inefficacité de la police, qui ne parvient pas à enrayer le phénomène.
Ironie du sort, c’est à présent à cette même police que revient la mission d'enquêter sur sa mort.
Le président du Salvador, Mauricio Funes, lui-même ancien journaliste, connaissait Poveda. Il a assuré avoir donné "des consignes précises" à la police avant d’encourager ses concitoyens à se mobiliser face aux phénomènes des bandes.