Alors que le dépôt des candidatures pour la présidentielle prévue le 4 juillet prend fin dimanche, plusieurs responsables politiques appellent à un dialogue avec les leaders de la contestation concernant un éventuel report de l'élection.
Le dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel, pour l'élection présidentielle algérienne du 4 juillet, touche à sa fin, dimanche 19 mai. Le bilan provisoire des remises de formulaires de souscription, rendu public par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, évoque un total de 73 lettres d'intention déposées par les postulants.
Trois d'entre elles émanent des partis politiques tels que l'Alliance nationale républicaine (ANR), le Front El Moustakbal (FM) et le Front algérien pour le développement, liberté et équité (FADLE), les 70 autres proviennent de candidats indépendants. Nombre de candidats ont retiré des formulaires, sans qu'il y ait pour autant de noms de personnalités très connues.
Malgré la fin d'un premier processus en vue du scrutin, ce sont toujours les mêmes incertitudes et désaccords qui demeurent, alimentés par des initiatives lancées afin de trouver un dénouement à la situation politique complexe que traverse le pays.
Demande de report
La dernière initiative en date a eu lieu samedi. Dans une déclaration diffusée par la chaîne de télévision généraliste privée, El Bilad, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, le général à la retraite Rachid Benyelles et Ali Yahia Abdenour, avocat et militant des droits humains, ont appelé l'armée à ouvrir un "dialogue franc et honnête" avec les représentants du mouvement de contestation et les partis politiques le soutenant.
L'appel, qui a reçu le soutien du parti Jil Jadid par l'intermédiaire d'une vidéo postée sur Facebook, a pour but de "trouver au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s'expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois."
À l'origine de cet appel, ces responsables et anciens responsables politiques évoquent une situation de blocage liée au maintien de la date du 4 juillet qui ne pourra que "retarder l'avènement d'une nouvelle république", et demandent une période de transition de courte durée, "conduite par des hommes et des femmes n'ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années."
De nombreux manifestants invoquent, depuis plusieurs semaines, la nécessité d'une transition avec des personnalités, alors que les principaux représentants de l'armée veulent proposer un passage par les urnes, le 4 juillet. "On a deux logiques qui se font face et rendent cette élection incertaine pour l'instant" explique Benjamin Stora, président de la Cité de l'immigration, sur le plateau de France 24.
L'hypothèse d'un report est donc évoqué, mais le dialogue, toujours pas réellement engagé, est pour l'heure suspendu à la réaction du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah.
Pression de la rue
La date limite de dépôt des candidatures à l'élection présidentielle coïncide avec la Journée nationale de l'étudiant, célébrée dimanche 19 mai dans les rues du pays par des centaines d'étudiants, le peuple restant dans un contexte de forte mobilisation.
Dans les rues pour le 13e vendredi consécutif de manifestations, les protestataires ont de nouveau donné de la voix, le 17 mai, pour dire "non aux élections".
La présidentielle, qui permettra d'élire un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril dernier sous les pressions conjuguées du mouvement de contestation et de l'armée, est prévue pour le 4 juillet prochain. Mais réclamant depuis 13 semaines la mise en place d'un "État civil", les manifestants voient dans cette élection à venir un moyen pour les héritiers du régime de maintenir, à la faveur des fraudes, le "système" au pouvoir.
Ceux-ci demandent, avant toute élection, le départ des figures associées à l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, en tête desquels les "2B", le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui, après avoir obtenu la démission du président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz (le troisième "B"), le 16 avril.